Forte rentabilité assurée

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Dans les télécoms africaines, 2007 restera comme une année à marquer d’une pierre blanche. Pour la première fois, la plus importante société de télécommunications du continent est un opérateur mobile et non un acteur historique du fixe. Toujours sud-africain, le leader est désormais MTN Group, devant Telkom. Une révolution logique : en quelques années, notre classement a été peu à peu trusté par des opérateurs mobiles en plein boom et les rares opérateurs historiques du fixe qui y apparaissent encore sont également devenus des acteurs de la téléphonie cellulaire (comme Telkom, actionnaire de Vodacom, ou Sonatel). À la fin de 2007, le taux de pénétration du mobile frôlait le seuil de 30 % de la population africaine. Le continent comptait 279,3 millions de souscriptions au mobile, un chiffre en croissance de 42 % par rapport à la fin de l’année 2006. Largement portées par ce phénomène, les vingt-cinq premières sociétés de télécommunications africaines ont affiché un chiffre d’affaires cumulé en hausse de 41,5 %. Soit 8,5 points de plus que l’année dernière. Cette performance est due en partie à la poursuite de la progression du chiffre d’affaires de la plupart des entreprises du secteur des télécoms : + 35 % en monnaie locale pour MTN Group, + 28 % pour Orascom Telecom, + 21,7 % pour Maroc Telecom, + 17,1 % pour Vodacom Group. Mais le boom s’explique aussi par l’entrée dans notre classement d’un nouveau mastodonte, Zain Nigeria (ex-Celtel Nigeria), filiale du groupe MTC, et désormais 13e du continent, avec près de 1,2 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Le groupe koweïtien, qui a rebaptisé en août dernier l’ensemble de ses filiales africaines avec la marque Zain, ajoute un autre opérateur à notre tableau, avec sa filiale soudanaise (Mobitel). Il est l’un des principaux acteurs sur le continent avec le français Orange et le britannique Vodafone, mais aussi avec les deux géants africains MTN et Orascom Telecom. Ces derniers, s’ils sont encore africains au moment où ces lignes sont rédigées, pourraient ne pas le rester longtemps : le sud-africain MTN a fait en 2008 l’objet d’intérêts très marqués de la part de deux opérateurs indiens (Bharti puis Reliance Communications), en vue d’un rachat et d’une fusion qui n’ont pas abouti, tandis que l’égyptien fait partie des noms régulièrement cités parmi les cibles potentielles d’acquéreurs internationaux. Quoi qu’il en soit, concentration oblige, presque toutes les sociétés de notre classement appartiennent à l’un ou l’autre de ces grands groupes de télécoms. Les rares exceptions sont parfois publiques, comme Algérie Telecom, dont la privatisation a été, comme chaque année, annoncée avant d’être oubliée pour quelques mois ; Telecom Egypt ou Sudanese Telecom (Sudatel) qui, après avoir vu sa position s’effondrer dans notre classement l’année dernière, en est cette fois totalement sorti. Quelques sociétés privées font également de la résistance : Maroc Telecom, un groupe à lui seul puisqu’il est désormais implanté au sud du Sahara (Gabon et Burkina), est une filiale du français Vivendi ; Wataniya Telecom Algérie (opérateur de Nedjma) appartient au groupe Qatar Telecom ; et Méditel est un opérateur marocain.

Tous ces acteurs restent de formidables machines à générer des profits. Le ratio bénéfice net par rapport au chiffre d’affaires des 25 premières entreprises du secteur atteint 17,7 %, un niveau très élevé par rapport aux entreprises évoluant dans d’autres domaines d’activité. Dans le lot, certaines se distinguent. C’est le cas d’Orascom : ses profits ont été multipliés par trois et atteignent 45 % du chiffre d’affaires, en raison de la vente de sa filiale Iraqna, pour 1,2 milliard, et de la cession de ses parts dans l’opérateur asiatique Hutchinson Telecom. Derrière, la filiale soudanaise de Zain se révèle très rentable, tout comme la sénégalaise Sonatel. À l’opposé, Algérie Telecom dérape avec un bénéfice en dollars divisé par trois et ne représentant plus que 1,2 % du chiffre d’affaires. Un autre opérateur algérien, Wataniya Telecom Algérie, fait pire, avec une perte de 35,2 millions de dollars, inférieure toutefois à celle de 2006 (62,2 millions). Des cas qui restent toutefois rares tant la quasi-totalité des opérateurs de mobile en Afrique semblent voués à dégager des bénéfices dès leur deuxième ou troisième année d’activité. Cette situation dorée peut-elle durer ? Rien n’est moins sûr : déjà la courbe de croissance du nombre d’abonnés en Afrique a tendance à fléchir, passant de plus de 60 % il y a quelques années à moins de 50 % aujourd’hui. Certains pays arrivent logiquement à saturation : c’est le cas des pays les mieux équipés, comme l’Afrique du Sud, mais aussi de pays moins équipés où toute la population, plus pauvre et davantage rurale, ne peut que difficilement accéder à la téléphonie mobile. Le Sénégal semble être dans ce cas. Cependant, d’autres pays encore nombreux en Afrique restent très nettement sous-équipés : à la fin de l’année 2007, vingt-trois affichaient un taux de pénétration inférieur à 20 %, dont onze un taux inférieur à 10 %. Ces pays, dont la République démocratique du Congo, devraient alimenter la croissance dans les années à venir. Les opérateurs attendent aussi impatiemment l’ouverture de certains marchés, comme l’Éthiopie, dont le potentiel est immense et le taux de pénétration du mobile (2,5 %) dérisoire. Enfin, l’avenir pourrait aussi voir les opérateurs du fixe prendre leur revanche. En effet, de plus en plus de licences attribuées aujourd’hui à travers le continent sont des licences globales, intégrant fixe, mobile et Internet. De surcroît, le modèle d’opérateur global semble reprendre des couleurs depuis quelque temps, car, même si les opérations sur le fixe sont souvent en décroissance, les technologies associées permettront d’offrir de plus en plus de services à forte valeur ajoutée aux clients, notamment dans l’Internet.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires