La bouteille à moitié pleine

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

L’industrie agroalimentaire africaine reste largement dominée par la fabrication des boissons, bière et boissons gazeuses. À l’exception de l’Afrique du Sud, où le secteur est plus diversifié, le reste des activités concerne surtout la production de sucre, de produits laitiers, de corps gras (huiles et margarine) et la transformation des céréales. En 2007, le marché mondial de la bière a progressé de 5 % pour atteindre une production de 1,76 milliard d’hectolitres (hl). Et les prévisions (publiées avant la crise) laissaient entrevoir une poursuite de la croissance, notamment en Europe de l’Est. En Afrique, la consommation devrait croître de 28 %, à plus de 100 millions d’hl, d’ici à 2012. Sur ce marché en forte croissance, la concentration est extrême, avec quatre groupes qui contrôlent 80 % du marché mondial, conséquence des fusions-acquisitions en série qui ont eu lieu ces dernières années. À la suite de nouveaux rachats, l’anglo-sud-africain SAB Miller a pris la tête du peloton à la fin de 2007 avec 230 millions d’hl produits durant l’année, contre 225 millions pour l’ex-numéro un mondial Inbev (les deux autres grands étant Heineken et Anheuser-Busch). Le nouveau numéro un mondial est né de la fusion en 2003 du sud-africain South African Breweries (SAB) et du deuxième plus grand brasseur américain Miller Brewing Company. En Afrique du Sud, SAB Miller South Africa a produit, en 2007, 26,5 millions d’hl de bière et 16,6 millions d’hl de boissons gazeuses dans ses sept brasseries et cinq usines d’embouteillage, générant un chiffre d’affaires de 3,95 milliards de dollars, assorti d’un confortable bénéfice de 962 millions de dollars, soit 24 % du chiffre d’affaires. Les autres grands brasseurs du continent profitent également de cette hausse de la consommation pour augmenter de façon assez significative leur chiffre d’affaires. En Afrique du Sud, Distell Group progresse de 22 %. Au Nigeria, le principal brasseur du pays, Nigerian Breweries, affiche une hausse de 38 % de son chiffre d’affaires, Nigerian Bottling et Guinness Nigeria progressent eux de respectivement 22 % et 24 %. Au Cameroun, la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC) connaît une progression de 22 % de son chiffre d’affaires. Toutes ces sociétés affichent de copieux bénéfices, jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires dans le cas de Nigerian Breweries et de Guinness Nigeria.

Tiger Brands, première entreprise d’agroalimentaire d’Afrique du Sud hors boissons, voit son chiffre d’affaires en léger retrait du fait de cessions d’actifs considérés comme non stratégiques dans le secteur pharmaceutique, mais son résultat se maintient. Le groupe multisectoriel présent dans l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, le matériel médical et la pêche poursuit une stratégie d’implantation sur les marchés émergents. Début 2007, sa filiale Adcock Ingram Holdings s’est associée en joint-venture en Inde avec une société locale basée à Bangalore, Medreich Ltd, pour y implanter une usine de médicaments. Mi-2008, Tiger Brands a racheté au groupe chocolatier suisse Barry Callebaut sa filiale camerounaise Chococam et son usine de chocolat de Douala, dans le cadre de sa stratégie d’expansion en Afrique.

la suite après cette publicité

Au Nigeria, Flour Mills Nigeria connaît une nouvelle forte progression de son chiffre d’affaires (+ 37,5 %, après + 72 % en 2006). Le groupe privé fabrique farine, pâtes alimentaires, engrais, ciment et sacs d’emballage.

Le dynamisme du groupe privé algérien Cevital se confirme avec une augmentation de 60 % de son chiffre d’affaires en 2007 qui atteint 1,5 milliard de dollars. Le groupe, créé en 1998 par Issad Rebrab, est très rentable avec un bénéfice de 289 millions de dollars, soit 19 % du chiffre d’affaires. Le groupe produit dans son complexe industriel de Béjaïa du sucre, de l’huile et de la margarine, réalisant les deux tiers de son chiffre d’affaires dans l’agroalimentaire. Le reste provient de la distribution automobile (Hyundai), des matériaux de construction, du verre et de la logistique. Le groupe a prévu pour 2008 plus de 2 milliards de dollars d’investissements et compte se lancer dans la grande distribution.

Quatre marocaines figurent parmi les vingt-cinq premières du secteur. La Compagnie sucrière marocaine et de raffinage (Cosumar) enregistre une progression de 6,9 % de son chiffre d’affaires, essentiellement du fait de l’augmentation des ventes, et son bénéfice progresse de 161 %. Filiale de l’Omnium nord africain (ONA), premier holding privé marocain, la Cosumar est devenue l’unique opérateur industriel sucrier national en 2005 après l’acquisition des quatre sociétés sucrières nationales, au terme du processus de privatisation. Basée à Meknès, la Centrale laitière, principal opérateur de la filière laitière marocaine, collecte annuellement 475 millions de litres auprès de 850 centres de collecte regroupant plus de 80 000 exploitants. La Centrale laitière a achevé, à Fkih Ben Salah, la réalisation de la plus grande usine de séchage de la région Afrique et Moyen-Orient avec une capacité journalière de traitement de 1,1 million de litres de lait par jour pour une production de 50 tonnes de poudre de lait. Son chiffre d’affaires augmente de 14,9 % et son bénéfice net de 23,8 %. Lesieur Cristal, qui fait également partie du groupe ONA, a redressé ses comptes en 2007 après une année 2006 difficile, marquée par la concurrence du groupe saoudien Savola, une concurrence jugée « déloyale » en raison des bas prix pratiqués pour prendre des parts du marché des huiles de table, dont Lesieur Cristal contrôle environ 70 %. Son chiffre d’affaires ne progresse que de 2,5 % mais son bénéfice net est multiplié par deux. En 2007, Lesieur Cristal a ramené sa participation dans Lesieur Tunisie de 66 % à 36 % au bénéfice de Lesieur France.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires