Les entreprises africaines ont-elles besoin des MBA ?
Selon les messages promotionnels des différentes business schools, les MBA forment des managers leaders, visionnaires, talentueux, entreprenants… Sur le plan du contenu, tous les programmes des MBA se ressemblent. Ils couvrent tous les outils d’analyse, les différentes fonctions de l’entreprise (marketing, finance, production…), et les compétences soft (leadership, appréhension des problèmes de manière structurée, communication). La différentiation des programmes se fait aux niveaux de la notoriété de l’organisateur, de la qualité des participants et des professeurs, du format et du coût. Initialement, les MBA intéressaient principalement les Big Consulting Firms. Graduellement, les institutions financières, l’ensemble des entreprises industrielles et de services, voire les start-up, ont commencé à recruter elles aussi les titulaires de MBA. Qu’en est-il des pays émergents qui, pour leur majorité, n’ont ni Big Consulting Firms ni grandes institutions financières ; et où les grandes entreprises sont publiques ? Ont-ils besoin de MBA ?
Prenons le secteur bancaire, principal moteur du processus de développement économique. La disponibilité de logiciels spécifiques aux banques doit motiver celles-ci à orienter leurs efforts vers la formation de cadres aptes à évaluer convenablement les projets qui leur sont présentés et à servir de conseillers aux entreprises clientes, ce qui permet de réduire les risques et de fidéliser la clientèle. Pour les entreprises publiques qui gèrent des investissements lourds et dont les performances conditionnent le bien-être de la population et/ou le développement des autres secteurs, le recrutement et la formation de managers compétents constituent un investissement prioritaire, judicieux et rentable. Pour les entreprises industrielles et de services du secteur privé, face à la concurrence internationale, le développement de leurs activités, et leur survie même, sont tributaires, en grande partie, du niveau des compétences managériales de leurs dirigeants. Enfin, pour les jeunes disposés à interrompre leur parcours professionnel pour une formation complémentaire, l’accès au marché international de l’emploi, facilité par Internet, rend l’investissement dans un MBA des plus rentables (voir Brooks C. Holton et Edward J. Inderrieden, GMAC Research Report, décembre 2006).
S’agissant d’un programme qui nécessite une expérience professionnelle préalable, entreprises et candidats doivent être disposés à dégager le temps requis pour des programmes à temps partiel ou à interrompre le parcours professionnel du candidat pour les programmes à plein temps. La formation MBA doit s’inscrire dans le plan de carrière du candidat et dans la stratégie de développement de l’entreprise. Elle doit viser la préparation des « cadres à haut potentiel de développement » à des responsabilités plus grandes. Le capital humain est l’outil principal de la compétitivité ; y investir revient à le développer et à le retenir ; par contre, le priver de se développer par crainte de le perdre au profit de la concurrence risque de produire l’effet inverse et de compromettre la croissance de l’entreprise.
Pour promouvoir l’accès à cette formation, différents mécanismes de financement et de subventions peuvent être mobilisés tels que les dégrèvements fiscaux ou les programmes de mise à niveau. En Tunisie, la formation et le perfectionnement des cadres, y compris le programme MBA, sont éligibles au financement par la taxe à la formation professionnelle. La mise en place d’un système de crédits pour le financement des candidats au MBA qui n’ont pas de sponsors est à envisager. Enfin, le développement en Afrique de programmes de qualité en management à des conditions favorables et reflétant les spécificités de la région est de nature à favoriser l’accès à ces programmes et à doter les entreprises de la région de cadres capables de relever le défi de la concurrence internationale.
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