Comment choisir son MBA

Pour combler le déficit de cadres supérieurs en Afrique, plusieurs écoles du continent mettent en place des cursus de type Master of Business Administration. Panorama de l’offre et classement exclusif.

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 7 minutes.

Global par essence, le MBA est le seul cursus qui prépare les cadres à haut potentiel à leurs futures responsabilités. Qu’il s’agisse de finance, de marketing ou de stratégie… toutes les matières fondamentales pour la direction d’entreprise y sont enseignées. D’autres cours sur l’art du management ou de la prise de décision ont également trouvé leur place dans les meilleures écoles, car « ces qualités ne sont pas innées », assure Eon Smit, directeur de la business school de la faculté de Stellenbosch, en Afrique du Sud. Des connaissances qui sont ensuite mises en pratique grâce aux travaux en groupe. Durant ces exercices, chaque étudiant est amené à tester sa capacité de leadership et son pouvoir de négociation pour atteindre les objectifs fixés. Les notions de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de développement durable entrent aussi dans les mœurs et font leur apparition dans les programmes.

Après avoir conquis l’Europe, le MBA ­commence à séduire l’Afrique, même si, pour l’heure, les étudiants se montrent plus intéressés que les employeurs. Dans les pays industrialisés, la prise en charge par l’entreprise de la formation fait partie des bonus proposés aux meilleurs éléments. En Afrique, les candidats aux formations financent souvent seuls leurs projets, même si les recruteurs savent ensuite récompenser leur talent : les lauréats de l’Université du Cap (UCT) enregistrent, selon les chiffres communiqués par l’UCT, une augmentation de leur salaire de 60 % dans les trois ans qui suivent l’obtention du diplôme. Leur investissement dans ce programme réputé devient donc rapidement rentable.

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Face à une demande croissante, on trouve désormais quantité de MBA africains sur le marché, dont nous proposons en exclusivité une sélection des meilleurs. Toutes les formations citées ont au minimum un rayonnement national. Ce palmarès s’appuie sur l’étude des contenus académiques proposés, de la pédagogie, des partenariats et des accréditations affichés. Parmi les principaux labels qui certifient la qualité des écoles et des programmes, il faut notamment connaître les américains AMBA (Association of MBAs), AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business), et les européens EPAS (pour les programmes) et EQUIS (pour les écoles), délivrés par l’European Foundation for Management Development (EFMD). Toutes nos informations ont été obtenues directement auprès des écoles ou via leurs sites Internet pour les rares établissements qui n’ont pas répondu à notre enquête. Nous avons aussi pris en considération différents classements dont ceux produits par le Financial Times et le cabinet SMBG (Eduniversal).

Notre tour d’horizon commence par l’Afrique du Sud, pays internationalement reconnu pour la qualité de son système éducatif. Les MBA des universités du Cap (UCT) et de Stellenbosh, toutes deux accréditées Equis, ont particulièrement retenu notre attention, même si d’autres institutions atteignent comme elles un haut degré d’exigence. Leurs formations peuvent être suivies à temps complet ou partiel, c’est-à-dire en un ou deux ans. Depuis 2005, UCT est classée dans le Top 100 des meilleurs MBA du monde par le Financial Times. Stellenbosh n’est pas en reste puisqu’elle a été élue en 2008 première business school du pays par The Professional Management Review. En outre, son programme possède le label AMBA. Un effort tout particulier a été fait ces dernières années pour ouvrir la formation à l’international. En Afrique de l’Est, l’école de commerce de l’université de Strathmore (SBS), au Kenya, joue les premiers rôles quelques années seulement après sa création, en 2005. Soutenue par l’excellente institution espagnole IESE et la Banque mondiale, SBS a déjà conçu plus de trente études de cas utilisées pendant les deux années de la formation par les étudiants pour mettre en pratique leurs connaissances. Elle est, par ailleurs, membre de l’Association des business schools africaines (AABS, voir encadré p.  82).

Au Nigeria, la place de numéro un est occupée par un autre membre de l’AABS. Depuis 2002, la Lagos Business School (LBS) propose un programme MBA accessible après une seule année d’expérience professionnelle dans sa version classique et cinq années pour le cursus destiné aux managers aguerris. Il faut réussir un examen interne ou produire un GMAT (test en management de référence dans le monde anglo-saxon, avec un score maximum de 800 points) supérieur à 500 points pour être sélectionné. LBS bénéficie d’une étroite coopération avec l’école IESE, qui envoie chaque année des professeurs donner des cours aux étudiants. L’université Harvard et celle du Cap contribuent également au programme qui s’étale sur deux ans. Plus à l’ouest, le Ghana Institute of Management and Public Administration (GIMPA) est l’autre établissement régional de référence. Située à Accra, l’école est soutenue par la Banque mondiale et a bénéficié de programmes de formation pour son encadrement au sein du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Le MBA s’est doté d’une organisation flexible sur vingt-quatre mois qui lui permet d’accueillir les professeurs issus de la diaspora durant les périodes estivales.

En Afrique subsaharienne francophone, le Sénégal a affirmé au cours des années 2000 son leadership dans les domaines des études commerciales et du management. Fondée en 1992, l’ISM attire des étudiants de toute la sous-région. Membre de l’AABS, l’école accueille des professeurs de HEC ou de Wharton. Au-delà des matières académiques classiques, le programme organisé sur dix-huit mois à temps partiel accorde une grande importance au développement personnel. Pour répondre aux nouveaux défis des acteurs économiques, l’école a mis en place un laboratoire dédié à la responsabilité sociale des entreprises et au développement durable. Côté enseignement public, le MBA International Paris (MBA IP) ­proposé par le Cesag apparaît comme une formation de grande qualité. Codécerné par les universités françaises de la Sorbonne et Paris-Dauphine, ce diplôme est reconnu en France et au Sénégal. Le programme se déroule sur douze mois à temps partiel. Les étudiants bénéficient en plus des cours d’un enseignement à distance.

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Sans surprise, c’est au Maghreb que nous avons identifié la plus forte densité de MBA de l’Afrique francophone. La palme du meilleur programme revient à l’École Hassania des travaux publics (EHTP) située à Casablanca. Il s’agit en fait de la formation délocalisée de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris. Accréditée AMBA, elle offre à ses participants la possibilité de suivre un ou plusieurs modules à Tokyo, New York, Abou Dhabi ou Shanghai. Ce cursus de deux ans à temps partiel apporte une attention particulière à la dimension éthique de l’entrepreneuriat. À ce sujet, notons la nomination en août dernier d’un lauréat de la promotion 1998, Abdesselam Aboudrar, à la tête de la Commission nationale pour la lutte contre la corruption. L’Institut des Hautes études en management (HEM) constitue l’un des plus sérieux rivaux de l’EHTP dans le royaume chérifien. HEM propose plusieurs MBA, mais le diplôme MBA IP conçu sur seize mois à temps partiel conjointement avec les universités françaises de la Sorbonne et de Dauphine reste sa meilleure vitrine. L’école revendique une démarche pédagogique nécessitant l’implication de l’étudiant, le travail en groupe et la prise d’initiative.

Première école de commerce marocaine, selon le classement Eduniversal 2008, l’Iscae offre aussi depuis trois ans un MBA destiné aux professionnels justifiant plus de cinq ans d’expérience en tant que cadre. Bâti sur dix-huit mois à temps partiel, le cursus attire sans surprise une majorité de managers de plus de 30 ans. Vingt-quatre participants sur quatre-vingt-six postulants sont parvenus à intégrer la dernière promotion. L’Université Al Akhawayn complète le panorama marocain. Créée par décret royal, cette faculté est gérée de manière privée et fonctionne suivant un modèle anglo-saxon. Les cours sont dispensés en anglais. Le MBA reçoit des professeurs invités en provenance d’institutions américaines comme la Kogod School of Business de Washington. Ces dernières années, Al Akhawayn s’est tournée vers les écoles asiatiques et européennes. Le programme, à temps partiel, offre des approfondissements thématiques en finance, marketing, commerce international ou management. Un cursus distinct est réservé aux cadres plus expérimentés.

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En Tunisie, la Mediterranean School of Business (MSB) revendique également des influences anglo-saxonnes. Son fondateur, Mahmoud Triki, est lui-même diplômé des universités de Washington et d’Ohio State, aux États-Unis. Le MBA de la MSB, délivré en anglais, compte parmi ses professeurs des enseignants de l’Insead ou de HEC Montréal. Très prisé des top managers tunisiens, le programme, organisé sur dix-huit mois à temps partiel, utilise les études de cas de Harvard. Des demandes d’accréditation AMBA et AACSB sont en cours. L’école d’ingénieurs Esprit offre pour sa part la déclinaison locale du MBA IP en collaboration avec les universités Paris-Dauphine et Panthéon-Sorbonne. Reconnu en France et en Tunisie, le cursus est fortement orienté vers les nouvelles technologies. Il se déroule sur dix-huit mois à temps partiel. Trois années d’expérience sont requises.

Comme ses voisins, l’Algérie propose des programmes de bonne facture. Tout d’abord, le MBA de l’École des affaires algériennes (Esaa) qui a été créé avec plusieurs partenaires de prestige – HEC, ESCP-EAP, Euromed-Marseille, Université de Lille-II –, qui se répartissent l’ensemble des enseignements. Si trois des quatre institutions « amies » bénéficient de l’accréditation Equis et deux des labels AMBA et AACSB, le programme de l’École des affaires algériennes, très récent, ne possède encore aucune reconnaissance internationale. Gageons que cette étape devrait être franchie dans deux ou trois ans. Le cursus, qui dure dix-huit mois à temps partiel, est ouvert aux professionnels ayant au moins cinq ans d’expérience. Il inclut un voyage d’études en France. Pour sa part, le MDI Alger propose le MBA IP, toujours en association avec les universités Panthéon-Sorbonne et Paris-Dauphine. Depuis cette année, la formation de quatorze mois à temps partiel est entièrement dispensée en anglais. Les étudiants peuvent choisir deux spécialisations : services financiers ou ­distribution-maketing. L’école met à disposition des participants qui souhaitent développer un projet entrepreneurial un centre d’accompagnement à la création d’entreprise.

Plus tourné vers le Moyen-Orient que vers l’Afrique, l’Égypte compte plusieurs programmes de portée internationale. L’American University du Caire dispense notamment sur vingt-quatre mois un MBA accrédité AACSB qui offre un grand nombre d’options : finance, commerce international, leadership et ressources humaines… Idéal pour devenir le roi des managers au pays des Pharaons. 

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