Abdeslam Ahizoune
président de Maroc Telecom
Abdeslam Ahizoune est à la tête de la première entreprise du Maroc. Sous sa houlette, Maroc Telecom est passé d’une entreprise moribonde à un véritable leader dont le rayonnement s’étend au-delà des frontières. L’opérateur historique est devenu la filiale la plus rentable de Vivendi, avec 22 milliards de DH de chiffre d’affaires. Cet ex-fonctionnaire rompu aux méthodes du privé a dédié sa carrière aux télécoms. Lauréat de l’École des télécommunications de Paris, il a dirigé pendant trois ans l’Office national des postes et télécommunications, l’ancêtre de Maroc Telecom. Deux fois ministres du secteur, c’est lui qui est à l’origine de la loi sur les télécommunications qui aboutit, en février 1998, à la création de l’opérateur historique, dont il obtient la présidence.
À charge pour lui de moderniser la structure et de la préparer à l’ouverture du marché, ce qu’il fait au prix d’investissements élevés et d’une politique commerciale offensive. En baissant les prix et en lançant les premières offres prépayées, Ahizoune réussit vite à démocratiser le marché du mobile. Fin stratège, il négocie en douceur l’ouverture du marché en s’arrangeant pour que le rythme de la libéralisation lui laisse le temps de renforcer ses positions. Plusieurs litiges l’opposent d’ailleurs à son premier concurrent, Méditel. Et si l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) finit par donner raison à la filiale de Telefonica sur les tarifs d’interconnexion, Ahizoune revient à la charge au moment de l’obtention de la deuxième licence fixe. Tenace, il sait aussi faire appel à l’ANRT si nécessaire. Il y a plusieurs fois recours, notamment face à Wana, le petit dernier arrivé sur le marché, qui est venu plusieurs fois chatouiller l’opérateur historique.
En 2001, lorsque le groupe Vivendi Universal de Jean-Marie Messier entre à hauteur de 35 % dans le capital de Maroc Telecom, Ahizoune est maintenu à la tête de la société comme président du directoire. Il réorganise l’organigramme du groupe et part chercher de nouveaux relais de croissance à l’étranger, en profitant de l’ouverture du marché des télécoms dans d’autres pays d’Afrique. Dès 2001, l’entreprise a acquis 54 % du mauritanien Mauritel. L’expansion sur le continent s’est poursuivie en 2007 avec l’acquisition de 51 % de l’Onatel au Burkina, puis de Gabon Télécom. Mais cette expansion n’est pas sans risques : les comptes de Gabon Télécom n’étaient pas certifiés et sa privatisation a rencontré de vives résistances. Cela ne semble pas avoir modéré Ahizoune, qui lorgne à présent le Mali, le Ghana, la Guinée équatoriale, le Togo et le Bénin.
Chéri par Vivendi, dont il a rejoint le directoire en décembre 2004, il a aussi mené d’une main de maître l’introduction en Bourse de Maroc Telecom. L’opération a été une réussite totale. L’offre des 130 millions de titres a été souscrite 21 fois au prix fort de 68,25 DH.
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