Yves Lambelin


directeur général de Sifca

Publié le 5 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Cette année, Yves Lambelin fêtera ses trente ans d’activité chez Sifca, le leader agro-industriel de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique de l’Ouest. Trois décennies, dont deux à diriger un groupe au destin hors du commun. Pour l’homme, Français naturalisé Ivoirien, né le 30 septembre 1942 à Casablanca, la réussite est belle et la longévité exemplaire, lorsqu’on sait qu’il a connu le grand boom économique ivoirien, la disparition d’Houphouët, le coup d’État de 1999 et l’instabilité politique qui s’ensuivra. Yves Lambelin arrive en Côte d’Ivoire à trente-six ans, après dix ans passés comme ingénieur chez Chocolat Menier et Apria, puis comme responsable du service Agro-Industrie à Creusot Loire Entreprise. Il intègre aussitôt le groupe Sifca, dont il prendra la direction dix ans plus tard. C’est alors un groupe semi-public, proche de l’État, comme nombre d’entreprises ivoiriennes à l’époque. Créé en 1964 par le Français Henri Tardivat, ce simple négociant de café et de cacao va devenir peu à peu un géant du cacao. Désormais entre les mains de Pierre Billon et de ses associés, dont Lambelin et des privés ivoiriens, Sifca s’affirme dans les années 1990 comme le premier exportateur de fèves, développant une activité de transformation, possédant des usines en Côte d’Ivoire et en Europe. Avant l’été 1999, date de la libéralisation totale du secteur cacao en Côte d’Ivoire, Sifca est devenu, à la faveur de plusieurs rachats, le numéro un mondial du cacao. Présent également dans le sucre, le riz et les oléagineux, le groupe réalise un chiffre d’affaires consolidé de 750 millions d’euros et recense parmi ses actionnaires, à hauteur de 30 %, le premier transformateur mondial de cacao, l’américain WR Grace Cocoa (racheté par la suite par Archer Daniels Midland-ADM). La libéralisation et la concurrence sauvage menée par l’Américain Cargill mettront un terme à ses ambitions. Le chiffre d’affaires est divisé par cinq en quelques années. En 2001, Pierre Billon meurt. Son fils Jean-Louis a déjà intégré le groupe, mais c’est Yves Lambelin, patron opérationnel, qui mènera la restructuration du groupe, désormais dans l’ombre médiatique. Avec un talent indéniable. Discret, courtois et souriant, Yves Lambelin fait oublier son groupe en ces périodes politiques troublées. Il cède les activités cacao et se recentre sur les activités agro-industrielles plus porteuses. Dans l’hévéa et la fabrication de caoutchouc, la filiale SIPH s’allie avec Michelin. Pesant en 2007 180 millions d’euros de chiffre d’affaires, elle est l’actif principal du groupe, qui a engrangé en 2006 336 millions d’euros de revenus. En plein développement, celui-ci a ouvert son capital à hauteur de 25 % à deux géants de l’agro-industrie basés à Singapour, Olam et Wilmar International. Pour la bagatelle de 90 millions d’euros. Preuve que le groupe dirigé par Yves Lambelin et Jean-Louis Billon a repris la valeur qu’il avait il y a dix ans. 

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