Mohamed Iya
DG de la Sodécoton
En 1997, la firme qu’il dirigeait était l’un des fleurons de l’agro-industrie nationale. Dix ans plus tard, Mohamed Iya est toujours directeur général de la Société de développement du coton du Cameroun. Mais avec un chiffre d’affaires de 146 millions de dollars en 2007 (soit un niveau équivalent à celui de 1997), la compagnie cotonnière a chuté du deuxième au onzième rang des entreprises camerounaises. Pire, elle est déficitaire, et ses perspectives de redressement semblent limitées. À 59 ans, Mohamed Iya a consacré l’essentiel de sa carrière à cette entreprise. Économiste de formation, ce cadre issu du secteur bancaire est entré à la Sodécoton en 1981. Nommé trois ans plus tard à la direction générale, il a fortement contribué au développement de la filière dans le Nord et l’extrême Nord du pays, plaçant le Cameroun dans le peloton de tête des pays africains producteurs de fibre au cours des années 1990.
Mais cette époque faste est aujourd’hui révolue. Depuis le début des années 2000, le marché mondial est déséquilibré par les subventions que certains pays développés (Europe et États-Unis) accordent à leurs producteurs. Ainsi les planteurs américains reçoivent près de 4,5 milliards de dollars d’aides gouvernementales, ce qui leur permet de vendre leur récolte sur les marchés internationaux en deçà de leur prix de revient, qui est estimé à 900 F CFA. Conséquence de cette concurrence déloyale, le coton africain se vend mal, les agriculteurs délaissent peu à peu cette culture et la Sodécoton connaît un déficit structurel qui menace sa survie. Sur les quatre dernières années, la production est passée de 306 000 à 114 000 tonnes, alors que le prix du kilo de coton chutait de 1 000 F CFA à 600 F CFA. Le chiffre d’affaires a chuté de 40 % et le résultat est désormais négatif.
Cette situation, préoccupante pour la compagnie, dont la privatisation semble compromise, est une menace pour l’ensemble de la population des provinces septentrionales. La Sodécoton qui emploie chaque année 2 000 saisonniers, fournit du travail à 3 500 salariés en période de pointe. Et encadre quelque 500 000 paysans.
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