Anouar Hassoune
, vice-président de Moody’s à Paris : « Les perspectives de développement de la finance islamique sont attractives »

Pour le vice-président de Moody’s à Paris, Anouar Hassoune, les investisseurs du Golfe et d’Asie spécialisés dans la finance islamique regardent maintenant vers le continent africain.

Publié le 18 septembre 2008 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Pour­quoi la finance islamique tarde-t-elle à se développer en Afrique ?

Anouar Hassoune : Les investisseurs du Golfe et d’Asie avaient tant à faire sur leurs marchés domestiques respectifs en matière de finance islamique que les pays d’Afrique ont longtemps été maintenus hors de leurs plans de développement. Aujourd’hui, compte tenu de l’abondance de li­quidités qui prévaut sur des marchés devenus trop exigus, la périphérie devient plus attractive. Le continent demeure un marché risqué, mais la perception de ce risque, l’appétence à son égard, ainsi que les modalités de sa gestion semblent maintenant plaider pour qu’une partie de ces fonds pétro-­islamiques s’y dirige.

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Quel rôle peut-elle jouer dans le développement du continent ?

L’Afrique a d’énormes besoins en matière de capital physique et humain. Ce capital – sous la forme d’infra­structures, de grands projets, d’équipements immobiliers et industriels, mais aussi de programmes éducatifs et sociaux – a besoin d’être financé. L’alternative islamique peut être un complément idéal aux sources traditionnelles de levées de fonds. Les États africains s’intéressent actuellement à la possibilité d’émettre non pas des emprunts conventionnels, mais des obligations islamiques appelées sukuk.

Le potentiel de développement est vaste. Les perspectives sont attractives. Le Maghreb s’accommode encore de la finance islamique de manière impressionniste, eu égard à la méfiance culturelle et politique de ses État vis-à-vis de ce phénomène. Pour l’instant, le Soudan concentre près des deux tiers des actifs de ce secteur. Mais les autres pays s’y ouvrent progressivement. Le Sénégal constitue un marché prometteur. Enfin, le Kenya et l’Afrique du Sud, quant à eux, se sont engagés dans la voie de la banque islamique « communautaire ».

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