Touché par le prix du baril
L’année 2006 a été rude pour l’économie sénégalaise. Alors que la croissance variait entre 5 % et 6 % les années précédentes, elle est tombée à 3,3 %. Une baisse à mettre en grande partie sur le compte de la flambée des prix des produits pétroliers. Malgré ce ralentissement, d’importantes ressources ont été mobilisées par le gouvernement pour juguler l’impact du choc pétrolier sur les plus défavorisés. La détérioration de la situation macroéconomique n’a pas assombri pour autant les relations entre le Sénégal et les institutions de Bretton Woods. Pour preuve, en juillet 2007, le gouvernement sénégalais et le Fonds monétaire international ont signé un accord préliminaire pour la mise en place d’un programme économique et financier couvrant la période 2007-2010, qui devait être ratifié en fin d’année. Ce programme entre dans le cadre de l’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE), dont le Sénégal est le quatrième pays bénéficiaire. À la clef, pas d’aide financière, mais plutôt une sorte de carte de visite qui permettra à l’État sénégalais de donner, via la publication régulière de bilans de politique économique, un signal clair aux marchés financiers et aux bailleurs de fonds quant à l’efficacité et à la transparence de ses actions. Bien entendu, le programme s’accompagne de réformes visant à améliorer la gestion des finances publiques et l’environnement du secteur privé, ainsi qu’à accroître le rôle du secteur financier. Autant dire que cet accord intervient à point nommé pour le Sénégal, qui cherche à relancer son économie. Ce qui devrait être le cas, puisque les prévisions tablent sur un taux de croissance de 5,4 % en 2007 et de 6 % à partir de 2008, sous l’impulsion notamment de l’agriculture et des infrastructures. Tous les secteurs n’ont pas été touchés par le ralentissement. En témoignent les résultats de la Sonatel, leader des entreprises du pays, qui affiche un chiffre d’affaires de 823 millions de dollars et un résultat net de 295 millions. En un an, son parc d’abonnés au service mobile a presque doublé, atteignant plus de 2 millions de clients en 2006. De même, la Sococim (construction) a vu son chiffre d’affaires passer de 131 millions à 175 millions de dollars en un an, avec un résultat net de 15,2 millions de dollars. Ces bons résultats n’ont rien d’étonnant, puisque ce sont les télécoms et la construction – dopées par les investissements publics en matière d’infrastructures – qui ont tiré la croissance en 2006. En revanche, la Société africaine de raffinage, qui recule à la 2e place, voit son chiffre d’affaires plonger, et enregistre un déficit de 48,9 millions de dollars. La Sénélec (électricité) a également pâti de l’envolée de la facture pétrolière. En mars 2006, l’État sénégalais s’était engagé à régler les dettes de l’entreprise dues aux fournisseurs de carburants et estimées à 22 milliards de F CFA. La décision des pétroliers d’interrompre leurs livraisons en diesel a entraîné des délestages qui n’ont pas manqué de mécontenter la population et les entreprises. Autre poids lourd du pays, les Industries chimiques du Sénégal (ICS) traversent également une zone de fortes turbulences. Cette société qui commercialise des produits azotés et de l’engrais avait toujours l’État comme principal actionnaire (47 %), suivi du groupe Indian Farmers Fertiliser Cooperative (Iffco, 19 %). En 2006, son endettement s’élevait à plus de 200 milliards de F CFA. À la suite à de graves problèmes de trésorerie, l’entreprise est restée à l’arrêt pendant plusieurs mois. Une fermeture qui a d’ailleurs contribué au ralentissement général de la croissance. Pour aider ICS à se redresser, Iffco et l’État sénégalais ont signé, le 16 juillet dernier, un accord prévoyant la recapitalisation de la société. À travers cette convention, le groupe indien a pris le contrôle des ICS en injectant 40 milliards de F CFA (80 millions de dollars) : Iffco détient maintenant 90 % des parts, alors que l’État sénégalais se retrouve avec 10 % du capital.â©Bien meilleure est la situation financière du groupe CFAO ou de la Sénégalaise des eaux, qui affichent des chiffres d’affaires en hausse. Idem pour Air Sénégal International, qui reste toutefois très fragile. Le 6 juillet 2007, son conseil d’administration a entériné des pertes de 12 milliards de F CFA (18,3 millions d’euros), un déficit représentant quasiment le double du capital de l’entreprise (7,2 milliards de F CFA). ASI doit impérativement augmenter son capital, ou mettre la clé sous la porte.
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