Les hydrocarbures dominent
Flambée des cours du pétrole oblige, l’année 2006 est un bon cru pour le Nigeria. Grâce aux exportations d’hydrocarbures, qui représentent plus de 90 % des ventes du pays à l’étranger, la Banque centrale a accumulé 43 milliards de dollars de réserves. S’ils ont fait chuter la production pétrolière d’environ 2,5 millions à 1,8 million de barils/jour, les troubles dans le delta du Niger, le réservoir d’or noir du pays – en proie à des milices réclamant un meilleur partage des richesses, à coups d’enlèvements et de sabotages des installations pétrolières –, n’ont que modérément affecté la croissance du PIB : celle-ci s’est maintenue à 5,9 % en 2006, contre 6,1 % l’année précédente. Les tensions redoutées à l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2007, ferment traditionnel de violence dans un pays de plus de 140 millions d’habitants rompu aux prises de pouvoir par la force, n’ont pas eu l’effet escompté sur la stabilité économique. Tout naturellement, le secteur des hydrocarbures est donc surreprésenté dans le peloton de tête du classement des 50 premières entreprises nigérianes. Sur les dix premières, cinq ont des activités liées à l’or noir : Oando, coté aux Bourses de Lagos et de Johannesburg, à la fois producteur et distributeur, numéro 2 comme en 2005 (son chiffre d’affaires a progressé de 23 %) ; Total Nigeria, en troisième position ; Conoil, African Petroleum et Chevron Oil Nigeria, qui ont chacune gagné une ou deux places. C’est toutefois MTN, l’opérateur de téléphonie mobile panafricain, qui, comme en 2005, domine le palmarès, ce qui confirme la vitalité de l’immense marché nigérian, le plus grand d’Afrique. En 2006, le chiffre d’affaires du groupe, dont les lignes sont entrées en service en 2001, est passé de 1,4 milliard de dollars à 2,1 milliards, soit une progression de 50 %. Le secteur attire logiquement les investissements étrangers, qui sont passés de 50 millions de dollars en 1999 à 7,5 milliards en 2005. â©Mais l’économie nigériane ne fait pas la part belle aux services : ils ne représentent que 24 % de la richesse nationale. Le classement en est la démonstration : il ne compte que onze entreprises appartenant au tertiaire, parmi lesquelles une majorité de sociétés d’assurances (cinq) : African Reinsurance, Nicon Insurance, West African Provincial Insurance, Niger Insurance, Aiico Insurance et Royal Exchange Assurance Group, respectivement numéros 19, 29, 45, 46 et 47. Délaissé pour l’or noir depuis le début des années 1970, le secteur non-pétrolier se maintient toutefois, tiré par les services, dont les télécommunications et le commerce, et les industries manufacturières. En 2006, son produit intérieur brut a progressé de 5,9 %, contre 6,1 % l’année précédente. Il représente 62,2 % de la richesse nationale, laquelle est dominée par l’agriculture (32,5 %). Cette dernière a d’ailleurs connu une belle année en 2006, avec un taux de croissance de 7 %. L’industrie non-pétrolière, elle, continue d’être minoritaire, avec seulement 5 % de la richesse nationale. Il lui est difficile de concurrencer les importations en raison de la piètre qualité des infrastructures – coupures d’électricité quotidiennes notamment – et de l’environnement des affaires (le Nigeria est classé parmi les pays les plus corrompus de la planète), qui augmentent notablement les coûts de production. On trouve cependant quelques inamovibles fleurons de l’industrie manufacturière en tête du classement : Nigerian Breweries (boissons) à la 6e place, comme en 2005 ; Nigerian Bottling, toujours au 10e rang ; Guinness Nigeria, une nouvelle fois numéro 13. Le bâtiment, les travaux publics et la fabrication de matériaux de construction ne sont pas en reste, représentés par six entreprises dans le palmarès. Si les banques n’y sont pas représentées (voir notre hors-série N° 16 consacré au classement des 200 premières banques africaines), le secteur a toutefois connu de profonds changements en 2006 grâce à une réforme qui favorise la concentration en augmentant le capital minimal exigé pour créer une institution. Une réforme qui a donné naissance à de véritables poids lourds susceptibles de financer le développement du secteur privé nigérian.
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