Difficile redressement

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

L’économie mauricienne peine à se redresser. Le taux de croissance du produit intérieur brut a même perdu un point en 2006. Pourtant, après quatre années noires, le secteur manufacturier affiche une croissance de 3,9 % en 2006. Pilier traditionnel de l’économie du pays, le textile a été particulièrement touché par le démantèlement de l’accord multifibres, le 1er janvier 2005. Dès 2003, des sociétés hongkongaises, anticipant la fin de l’accord préférentiel, ont quitté l’île pour d’autres horizons plus compétitifs. Depuis le début de la crise, Maurice a entrepris une vaste réforme du secteur en favorisant l’intégration verticale, la montée en gamme et la diversification des marchés et des produits. Finalement, le textile mauricien a survécu et se projette dans l’avenir. Ainsi, Ciel Textile, la plus grosse entreprise du secteur, qui occupe cette année la 14e place du classement, contre la 11e en 2005, a lancé au début de l’année deux nouvelles unités de production, l’une pour fabriquer des chemises haut de gamme en Inde en association avec le groupe italien Tessitura Monti, et la seconde à Madagascar. Son chiffre d’affaires a progressé de 2 % en 2006 mais, surtout, son résultat net a bondi de 14 %. La dépassant de peu, la Compagnie mauricienne de textile (CMT) arrive en 13e position. Et elle ne manque pas d’ambition. D’ici deux ans, elle espère doubler son chiffre d’affaires grâce à des investissements massifs : environ 3 milliards de roupies (105,4 millions de dollars) dans un atelier de confection, un foyer pour accueillir 1 300 travailleurs étrangers et une nouvelle filature. Il faut dire que la CMT peut compter sur une excellente rentabilité : son résultat de 45,3 millions de dollars la place en deuxième position des entreprises les plus rentables, derrière Mauritius Telecom. Le secteur du BTP semble avoir déjà bien récupéré, progressant de 5,1 % en 2006 après une baisse de 5,2 % en 2005, grâce à la construction d’hôtels et de villas de luxe (Integrated Resorts Schemes). En revanche, pour le sucre, le pire est à venir. L’industrie sucrière est en pleine phase de restructuration afin de faire face à la baisse des prix garantis dans le cadre du Protocole sucre avec l’Union européenne, qui interviendra à partir de 2008. Déjà, en 2006, la production a affiché une contraction de 2,9 %, mais cela devrait être pire en 2007 : - 7,9 %, prévoient les analystes, compte tenu de la baisse des superficies et des conditions climatiques défavorables. Le bulletin de la Mauritius Commercial Bank, MCB Focus, estime « vitale » l’accélération de la reconversion de l’industrie sucrière. L’avenir du pays se joue surtout dans le secteur tertiaire, qui abrite les principales niches de croissance. En 2006, les services financiers ont connu une hausse de 7 %, bien supérieure à celle de 5,4 % de 2005. Cela est dû à une forte croissance des secteurs des assurances, des banques et autres activités de l’intermédiation financière (respectivement, 5 %, 7,1 % et 11 %). Quant au tourisme, porteur de nombreux espoirs, il a enregistré en 2006 une petite contre-performance, avec une hausse de seulement 3,5 %, contre 5,6 % en 2005, imputable à l’épidémie de chikungunya. Les chiffres d’affaires des principaux groupes hôteliers, New Mauritius Hotels, Sun Resorts et Naïade Resorts Group, (respectivement à la 11e, 17e et 30e place), ont tout de même progressé en 2006. Les prévisions pour 2007 sont plus qu’encourageantes, avec une croissance du nombre de touristes estimée à 9 %. Pour dynamiser le secteur, les autorités ont opté pour une politique d’ouverture de l’accès aérien, tout en veillant à augmenter les capacités d’hébergement. Air Mauritius, qui doit faire face à une concurrence accrue, reste la première société mauricienne au regard de son chiffre d’affaires : 546,6 millions de dollars, en progression de 10,7 % par rapport à 2005. Mais la compagnie affiche des pertes de 8,9 millions de dollars. Quoi qu’il en soit, même si la reprise ­s’affirme en 2007, le FMI met toutefois le pays en garde : « Le retour de la croissance pourrait être éphémère si le processus de réformes engagé devait marquer le pas. » 

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