Redistribution des cartes

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

L’hiver 2006-2007 a été sec au Maroc et, comme toujours en pareil cas, c’est l’ensemble de l’économie du pays qui en a souffert. Alors que l’Égypte et la Tunisie prévoient une croissance de 6 % en 2007, le royaume ne pourra espérer plus de 2,5 %. Traditionnellement en tête de classement, le groupe privé ONA (à capitaux royaux) est pour la première fois détrôné cette année. Responsable de ce putsch : le raffineur Samir, filiale de Corral Holding AB (société de droit suédois à capitaux saoudiens), dont le plan de modernisation se poursuit. Grâce à sa nouvelle technologie d’hydrocracking, il devrait pouvoir augmenter sa production de gasoil de 12 % à partir de septembre 2008. La raffinerie Samir est la troisième à se doter de ce matériel en Afrique, après l’Égypte et l’Afrique du Sud. Pour sa part, l’ONA, dont les filiales peuplent largement le classement, a rompu avec deux partenaires français importants. En décembre 2006, le groupe a cédé à Axa ses 49 % de participation dans sa filiale assurance (deuxième opérateur au Maroc). Et dans le secteur de ses activités de distribution, l’un des plus porteurs du portefeuille ONA avec le secteur financier, le partenaire français Auchan, auquel il était associé depuis 2000 pour la gestion des 22 supermarchés Acima et des 13 hypermarchés Marjane, a plié bagages en juillet dernier. Premier exportateur mondial de phosphates, l’Office chérifien des phosphates (OCP) est en pleine restructuration et tente, avec deux audits de gestion, de se mettre à l’ère du management. Mais en raison d’un endettement considérable lié à la caisse interne de retraite, le ratio dettes/capitaux se situe aujourd’hui à - 400 %, pour un niveau de référence de 70 %. L’Office devra également surveiller la nouvelle concurrence de la Jordanie, de la Tunisie et, surtout, de l’Arabie saoudite, qui mènent toutes trois des politiques agressives. Certains secteurs sont particulièrement dynamiques au Maroc, comme le BTP, boosté par les investissements publics et privés. Construction d’autoroutes, de routes rurales et de lignes de chemin de fer, réalisation du complexe portuaire de Tanger-Med, extension de l’aéroport Mohammed-V à Casablanca, lancement de différents projets de stations balnéaires… le Maroc multiplie les chantiers. Bétonneurs, cimentiers (+ 10,4 % de croissance en 2006) et agents immobiliers sont à la fête. Lafarge Ciments, numéro un de son secteur, surfe sur un marché immobilier en forte expansion dans ses régions d’intervention, notamment le Nord (+ 25 %). L’année fut également excellente pour Ciments du Maroc, filiale d’Italcementi Group (en progrès de 8 places dans le classement). Holcim Maroc (en progrès de 8 places également), filiale de Holcim, d’origine suisse, vient de mettre en service sa troisième cimenterie à Settat, et compte bien grignoter les parts de marchés de Lafarge. Les prêts immobiliers et autres produits financiers encouragent l’acquisition de logements. Mais les 5 000 promoteurs du secteur privé dénoncent l’hégémonie du groupe public Al Omrane (qui gagne 32 places dans notre classement), qu’ils accusent, depuis sa création, de concurrence déloyale. Le groupe est né en juillet dernier du regroupement de dix opérateurs publics de l’immobilier : la holding d’aménagement Al Omrane, ses filiales Alboughaz, Aljanoub et Tamesna, et les sept Erac (Établissements régionaux d’aménagement et de construction), transformés l’an dernier en société anonyme. Ses programmes immobiliers vont bon train (120 000 logements achevés en 2006) et son introduction en Bourse est à l’étude pour 2008. Ses concurrents réclament son basculement dans le privé. Selon eux, Al Omrane est sorti de son rôle premier d’aménageur public préparant l’assiette foncière pour devenir promoteur et agir dans le cœur de métier du privé, tout en acquérant des terrains à des prix symboliques. Douja Promotion, son concurrent principal, enregistre, en revanche, une baisse de plus de 12 % de son chiffre d’affaires. Autre secteur particulièrement bien représenté cette année : les assurances. Première sur le marché, RMA Wataniya, filiale du groupe Benjelloun, vient de soumissionner à la privatisation de la Société tunisienne d’assurance et de réassurance. Wafa Assurance, 3e acteur, gagne 9 places, talonnant de près Axa Assurance Maroc. Les deux compagnies marocaines devront cependant se préparer à plus de concurrence avec les récents amendements au code des assurances liés à l’accord de libre-échange avec les États-Unis.

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