Du pétrole pour redémarrer

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

L’accord de paix signé à Ouagadougou en mars 2007 n’a pas totalement levé les incertitudes sur la situation politique de la Côte d’Ivoire. Il a malgré tout permis de lancer des signaux positifs à destination des milieux d’affaires, les principaux étant l’accalmie observée sur le front des violences qui avaient fait fuir les investisseurs, et la réunification progressive du pays, qui permet de fluidifier les échanges Nord-Sud. Malgré son faible niveau, la reprise de la croissance observée à partir de 2004 se confirme. Le produit intérieur brut a crû de 4,1 % en 2006. Une performance à laquelle l’exploitation pétrolière n’est pas étrangère. Entrée dans le club fermé des pays africains producteurs de brut depuis la mise en exploitation du champ Espoir en 2002, et surtout celle du champ Baobab en 2005 (80 000 barils/jour en 2006), la Côte d’Ivoire a produit 21 millions de barils en 2006, contre 14 millions l’année précédente.  Le pays raffine également du brut, qu’il vend sur le marché national, mais aussi aux pays de l’hinterland. La Société ivoirienne de raffinage (SIR) est logiquement la première entreprise ivoirienne, avec un chiffre d’affaires de 2,1 milliards de dollars en 2006 pour un résultat net de 21 millions. Créée en 1962, la société traite 60 000 barils/jour provenant de la production nationale, mais également du Nigeria. Les autres sociétés du secteur, comme la filiale du français Total ou la Société nationale d’opérations pétrolières (Petroci), profitent également de ce contexte favorable. Avec 10 % des investissements en 2006, soit 9,9 milliards de F CFA, le secteur des hydrocarbures est aujourd’hui l’un des principaux leviers de l’économie. La production cacaoyère continue néanmoins de dominer nettement le secteur primaire et place logiquement ses représentants en tête de classement. C’est le cas du groupe Sifca, présidé par Jean-Louis Billon, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), qui est également présent dans le caoutchouc (Saph), le sucre (Sucrivoire) ou encore le raffinage d’huiles pour l’industrie cosmétique (Cosmivoire), trois autres sociétés classées. Reste que la production de cacao du pays marque un repli, passant de 1,4 million de tonnes en 2005-2006 à 1,35 million en 2006-2007. La baisse s’annonce encore plus forte pour la campagne 2007-2008, avec une chute attendue des exportations de 22 % à 950 000 tonnes. Alors que la production de coton-graine a souffert de la crise, avec 253 000 tonnes contre 323 000 en 2003, IvoireCoton (filiale du groupe IPS) a tout de même tiré son épingle du jeu face à ses concurrents immédiats, dont le principal, la Compagnie cotonnière de Côte d’Ivoire (LCCI) du groupe L’Aiglon. Cette dernière, propriété du Malien Cheickna Kagnassi, a été déclarée en faillite en décembre 2006. Grand exportateur sous-régional de produits agricoles, la Côte d’Ivoire procure également un important volant d’affaires et d’investissements pour les entreprises de l’emballage et celles de l’industrie chimique, à l’instar de la Société ivoirienne de soufflage et emballages plastiques (Sisep) ou de la Société tropicale d’engrais et de produits chimiques (STEPC). Les groupes qui ont choisi de rester en Côte d’Ivoire au plus fort de la crise bénéficient d’une position stratégique sur leur marché. C’est le cas du français Orange, avec Orange Côte d’Ivoire (ex-Côte d’Ivoire télécom), premier opérateur en téléphonie mobile du pays, dont le chiffre d’affaires atteignait 384 millions de dollars en 2006, contre 276 millions en 2005. Idem pour la filiale de CFAO du groupe PPR (Pinault Printemps Redoute) et celle du groupe Bolloré. Les compagnies d’assurance figurent en bonne place dans le tableau avec Colina Assurances, l’Union des Assurances de Côte d’Ivoire (UACI) et la Nouvelle société internationale d’assurance (NSIA) situées respectivement à la 39e, 50e et 49e place. L’année 2007 devrait confirmer l’embellie économique avec un niveau d’investissements proche de celui de 2002 et le retour attendu des bailleurs de fonds multi et bilatéraux. À supposer que le processus électoral se déroule sans écueils.

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