Toujours pleins gaz

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

L’Algérie vit de ses hydrocarbures et le prouve encore cette année. Près de 30 % du classement est constitué d’entreprises liées à ce secteur. La plupart sont des filiales de la puissante entreprise nationale Sonatrach. Championne toutes catégories, celle-ci est la première entreprise du continent africain. Son chiffre d’affaires insolent de 61 milliards de dollars affiche une hausse de 50 % par rapport à l’an dernier. En pleine période de tension avec l’Espagne, c’est avec l’italien ENI que le géant s’est associé cette année pour la réalisation du futur gazoduc Galsi qui reliera directement l’Algérie à l’Italie en 2011. Début septembre, la compagnie algérienne avait résilié un accord la liant aux espagnols Repsol et Gas Natural sur l’exploitation des gisements gaziers de Gassi Touil, dans l’est du pays. Faute de respect des délais par la partie espagnole et en raison des restrictions imposées à l’exportation de gaz, la compagnie avait également remis en cause le projet de gazoduc Medgaz reliant les deux pays, et renégocié à la hausse le prix de vente de sa production. La levée en septembre des restrictions à l’export a permis de calmer le jeu. Toujours dans les hydrocarbures, Brown & Root-Condor, joint-venture liant la Sonatrach et une filiale de l’américain Halliburton, disparaîtra de notre liste l’an prochain. Les violentes polémiques autour de contrats passés de gré à gré par Sonatrach ont provoqué sa dissolution en septembre dernier. Une bonne dizaine d’entreprises sont liées de près ou de loin au BTP, secteur en plein boom depuis plusieurs années en Algérie. L’entreprise publique Cosider maintient sa 10e place et voit son chiffre d’affaires augmenter de 34 %, stimulé essentiellement par la réalisation de réseaux d’assainissement et les travaux publics (barrages, métro d’Alger, autoroutes). C’est la seule entreprise publique de BTP à avoir survécu à la vague de dissolutions des années 1990. En nombre plus limité mais bien placées : les compagnies de téléphonie. L’opérateur de mobile Wataniya Télécom Algérie (alias Nedjma) a gagné 7 places avec un chiffre d’affaires en flèche (+ 87 % en 2006). Depuis mars dernier, il appartient à 80 % à Qatar Telecoms, les 20 % restants demeurant dans l’escarcelle de Kuwait Projects Company (Kipco). La compagnie se tient encore loin d’Orascom Télécom Algérie (marque Djezzy) qui, avec plus de 12 millions d’abonnés (contre 2 millions en 2004), conserve plus des deux tiers du marché algérien et affiche une hausse de son chiffre d’affaires de 43 %. La licence algérienne constitue d’ailleurs le fleuron de l’activité du groupe égyptien. OTA devance cette année pour la première fois Algérie Télécom, qui chute de 5 places. Malgré les 20 millions d’abonnés (pour 34 millions d’habitants), chacun veut croire encore au potentiel de croissance en comptant sur l’extrême jeunesse du pays et la masse de nouveaux consommateurs sortant des écoles. La place de premier groupe privé d’Algérie revient de nouveau à Cevital (1,4 milliard de dollars de chiffre d’affaires). Le groupe poursuit sa stratégie de diversification et aborde une nouvelle phase de développement : Cap 2015, un projet de pôle industriel géant. Parmi les autres rares compagnies privées du classement, le laboratoire Biopharm apparaît cette année à la 25e place. Comme les autres opérateurs du secteur, il devra faire face à un marché de plus en plus concurrentiel. Fin octobre, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, rappelant les engagements internationaux (accession à l’OMC notamment), a annoncé la fin des mesures de protection et incite les grandes entreprises du secteur à fusionner. L’État voudrait faire du groupe public Saidal (33e du classement) un géant capable de s’imposer à l’international. Il semble en tout cas peu probable que les deux ou trois producteurs privés qui se détachent du lot décident de se séparer des laboratoires internationaux avec lesquels ils travaillent pour réaliser cette « fusion » patriotique. Parmi les quelques baisses de chiffre d’affaires, on remarquera celle de l’Office national des aliments du bétail (ONAB). Plusieurs autres entreprises du secteur agroalimentaire qui, l’an dernier, marquaient une tendance baissière ont disparu cette année du classement.

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