Un monde de brut

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Des chiffres à donner le vertige ! La flambée du baril de pétrole est passée par là, et les compagnies pétrolières se sont copieusement servies. La toute première, la Sonatrach algérienne affiche un chiffre d’affaires en hausse de 86 % et un bénéfice net de + 71 %. Ce que son PDG, Mohamed Meziane, commente laconiquement : « Les résultats globaux en 2006 sont bons et en progrès par rapport à ceux, déjà très appréciables, réalisés au cours de l’exercice 2005. » Géant étatique, la Sonatrach est la première entreprise du continent. Elle est classée 12e parmi les compagnies pétrolières mondiales, 2e exportateur mondial de GNL et de GPL et 3e de gaz naturel. Ses activités constituent environ 30 % du PNB de l’Algérie. Elle emploie 120 000 personnes dans ses nombreuses filiales. Les importantes réserves que recèle encore le sous-sol algérien ne l’empêchent pas de développer son activité à l’étranger, avec deux prises de participation sur des permis d’exploration en 2006 : dans l’offshore profond (une première pour l’entreprise) en Égypte avec Statoil, et au Mali, dans le bassin de Taoudeni, avec l’italien ENI. En Algérie, l’important gisement de production de gaz a été mis en service fin 2006, tandis qu’un accord était signé avec Shell pour de nouveaux développements dans la liquéfaction du gaz. La filiale de la Sonatrach chargée de la distribution des produits pétroliers en Algérie, l’Entreprise nationale de distribution et de commercialisation des produits pétroliers (Naftal), 3e du classement, enregistre des performances plus modestes, avec un chiffre d’affaires en hausse de seulement 5 %. Loin derrière la Sonatrach, en l’absence des très (trop) confidentielles Sonangol (Angola) et NNPC (Nigeria), la nigériane Oando, première société pétrolière privée locale et dont l’activité s’étend de l’exploration-production à la distribution, voit son chiffre d’affaires plus que doubler (+ 121 %) et un bénéfice en légère baisse, mais toujours confortable (24,9 millions de dollars). Total Gabon et Total Nigeria font tir groupé (mais quid de Total Angola ?) avec des chiffres d’affaires qui dépassent le milliard de dollars, en hausse de respectivement 45 % et 40 %. Quant aux bénéfices, ils atteignent des sommets à 25 % et 20 % du chiffre d’affaires. Total est présent dans sept pays africains au niveau de la production, le Nigeria et l’Angola en représentant, à eux deux, presque la moitié. En 2006, le continent a fourni 31 % de la production du groupe français. Au Cameroun, la SNH publique est associée aux opérateurs étrangers qui exploitent le pétrole camerounais : Total, Pecten et Perenco. Son chiffre d’affaires correspond aux ventes du pétrole qui lui revient au titre de représentant de l’État camerounais dans ces associations. Il est en augmentation de plus de 45 % en 2006 à 1,3 milliard de dollars pour 20,71 millions de barils à 64 dollars le baril en moyenne annuelle. En 2005, les ventes n’avaient représenté que 18,5 millions de barils avec un baril à 50 dollars, soit un chiffre d’affaires de 909 millions de dollars. Dans le raffinage, la tête du classement est occupée par la Samir (Maroc), dont le chiffre d’affaires progresse de 11,5 %, mais dont le résultat régresse sensiblement. La Samir mène un important chantier de modernisation de sa raffinerie de Mohammedia dont l’ingénierie a été confiée à l’italien Snamprogetti. En Tunisie, après le pic de 2005, la Stir a connu une légère baisse de production à sa raffinerie de Zarzouna, près de Tunis. Malgré cela, son chiffre d’affaires progresse de 30 %. La Stir ne couvre que 45 % de la consommation nationale de produits pétroliers, le solde étant importé. Troisième raffineur d’Afrique du Nord, la Société nationale de raffinage de pétrole (Naftec) algérienne, filiale à 100 % de la Sonatrach, dispose de trois raffineries dans le Nord, à Skikda, Alger et Arzew, d’une capacité globale de 20 millions de tonnes par an, dont 15 millions à Skikda, dont la production est surtout destinée à l’exportation. Une quatrième raffinerie, à In Amenas, dans le Sud, est à l’arrêt. Le chiffre d’affaires 2006 de Naftec, en hausse de 22 % par rapport à 2005, a passé le cap de 1,5 milliard de dollars, alors que son bénéfice net a été plus que multiplié par deux. En Afrique de l’Ouest, la Société ivoirienne de raffinage (SIR), détenue à 48 % par des capitaux publics ivoiriens et à 47 % par des multi­nationales pétrolières, a poursuivi son redressement après la chute d’activité liée au conflit. Son chiffre d’affaires progresse de 54 % (+ 75 % en 2005), tandis que son bénéfice net diminue à 1 % du chiffre d’affaires. Au Sénégal, le chiffre d’affaires de la Société africaine de raffinage (SAR) progresse de 19 %, avec un résultat négatif dû à de graves difficultés qui ont causé un arrêt d’activité de près d’un an. La SAR, détenue par l’État sénégalais et Total a une dette de 200 milliards de F CFA. Au Cameroun, la Sonara traite en moyenne 2 millions de tonnes de brut par an, provenant du Nigeria (79 %) et de Guinée équatoriale (14 %), le reste étant acheté locale­ment. L’assistance technique est assurée par Total. Depuis janvier 2005, la Sonara produit de l’essence sans plomb. Elle approvisionne 80 % du marché des produits raffinés, les 20 % restants étant importés. Dans la distribution, les sociétés confortent leur activité avec des résultats positifs à l’image de Shell Maroc, numéro deux marocain pour le nombre de stations-service, dont le chiffre d’affaires progresse de 28 %, ou de l’entreprise publique tunisienne SNDP (la marque Agil) – 192 stations, soit 49 % du marché – avec une progression de 65 % de son chiffre d’affaires. 

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