Dopés par les investissements publics

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 4 minutes.

La forte croissance de ces ­dernières années en Afrique – le FMI annonce 7 % pour 2007 – alliée aux programmes en infra­structures financés par la communauté internationale, dont la Chine, explique en grande partie le dynamisme du secteur. Premier du clas­sement, l’égyptien Orascom Construction Industries, filiale BTP du groupe Orascom, voit son résultat bondir de presque 40 %, avec 471 millions de dollars, contre 294 millions un an auparavant. Contribuant pour 4,45 % au PIB du pays, le BTP est amené à progresser au cours des prochaines années grâce à d’importants programmes dans le secteur touristique, la construction de villes nouvelles, de logements sociaux ou de nombreux ouvrages d’art. Présente sur plusieurs chantiers d’envergure, l’entreprise intervient dans le projet de construction de la troisième ligne de métro du Caire. Autre entreprise égyptienne dominante, Suez Cement a réalisé 624 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2006. L’actionnaire principal, Ciments Français, qui détenait 39 % du capital, s’est associé début 2007 à un consortium d’investisseurs locaux pour porter sa participation à 54 % du capital, devenant ainsi l’actionnaire majoritaire. Le groupe Arab Contractors se situe, quant à lui, au 3e rang, avec un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars. Parmi ces entreprises qui rayonnent également au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen, les opérateurs sud-­africains tiennent le haut du pavé. Quatre compagnies figurent dans les huit premières places, qui bénéficient du lancement de grands projets dans la construction résidentielle, un phénomène résultant directement de la hausse du pouvoir d’achat des classes moyennes. Le secteur du BTP a généré pas moins de 100 milliards de rands (plus de 15 milliards de dollars) l’an dernier, et a constitué près de 3 % du PIB sud-africain. Murray & Roberts, poids lourd présent dans le consortium Bombela, qui doit construire la ligne de chemin de fer à grande vitesse reliant Pretoria à Johannesburg pour un montant de 20 milliards de rands (projet Gautrain), monte à la 2e place, avec 1,7 milliard de dollars de chiffre d’affaires. De nouvelles infrastructures aéroportuaires, comme le King Shaka à Durban, ainsi que de grands programmes de construction immobilière doivent soutenir l’activité de la dizaine de majors nationales présentes dans le secteur, à supposer que le problème de manque de main-d’œuvre qualifiée soit jugulé. Or, les programmes de formation lancés par le gouvernement, comme le Services Sector Education Authority (Seta) n’y parviennent toujours pas. Un défi d’autant plus important que l’échéance de la Coupe du monde de football organisée par l’Afrique du Sud en 2010 se rapproche. Alors que plus de 500 000 visiteurs sont attendus, cette manifestation offre des marchés juteux pour les entreprises locales, mais 60 % des projets n’ont toujours pas démarré. Si celui de la construction ou de la rénovation des stades, qui représente à lui seul 1,43 milliard de dollars, est le plus emblématique, la plupart des autres secteurs – réseau routier ou transports publics – doivent aussi être modernisés ou entièrement réhabilités. De quoi largement remplir les cahiers de commande des entreprises sud-africaines, et assurer la bonne santé du BTP dans ce pays. â©Des subsahariennes figurent également en bonne place. C’est le cas de la nigériane Julius Berger PLC, qui, avec un chiffre d’affaires de 460 millions de dollars et 8,9 millions de résultat, est en 10e position. Évoluant sur un marché de 130 millions d’habitants, le leader nigérian du BTP est également spécialisé dans l’économie portuaire et la construction d’infra­structures pétrolières et gazières. Les entreprises du Maghreb ne sont pas en reste. En 2006, le financement d’investissements publics au Maroc a représenté 87 milliards de dirhams (11 milliards de dollars). Les opérateurs nationaux bénéficient de grands projets, dont le port de Tanger-Med inauguré en 2007 est le plus symbolique. Associé à parts égales avec la Société nationale d’investissement (SNI), Lafarge Ciments Maroc, le premier groupe industriel privé du royaume gagne trois places, avec un chiffre d’affaires de 447 millions de dollars en 2006, contre 334 millions un an auparavant. La même année, le chiffre d’affaires du second cimentier – Ciments du Maroc – du groupe Italcementi s’est également amélioré, passant à 321 millions de dollars contre seulement 204 millions en 2005. Principal opérateur du béton prêt à l’emploi, via sa filiale Betomar, l’entreprise a gagné neuf places. L’Algérie est représentée avec Cosider. Créée en 1979 avant de devenir, trois ans, plus tard la filiale de la Société nationale sidérurgique (SNS), celle-ci monte d’une place, devenant la 7e entreprise du continent pour un chiffre d’affaires de 580 millions de dollars et un résultat de 47 millions. Dans ce pays, le secteur, qui profite d’une croissance soutenue depuis 2000, a enregistré une hausse de 11 % en 2006. L’entreprise, qui opère sur un marché très concurrentiel comprenant une quarantaine de sociétés publiques locales ainsi que des entreprises étrangères originaires du Maghreb et du Moyen-Orient, intervient aussi bien dans les travaux d’ouvrages souterrains que dans les routes, la construction d’aérodrome ou les stations d’épuration. La construction de nouvelles cimenteries par Orascom doit satisfaire la demande nationale, qui sera stimulée, en particulier dans la capitale par de nouveaux projets, comme la grande mosquée ou le métro d’Alger. 

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