premières entreprises africaines

Le chiffre d’affaires cumulé des entreprises de notre palmarès atteint 456 milliards de dollars. L’Afrique du Sud domine toujours la partie. Quant à l’Algérie, au Nigeria et au Maroc, ils affichent une vitalité remarquable.

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 6 minutes.

C’est confirmé : il n’est définitivement plus possible de détrôner la Sonatrach algérienne du premier rang de notre classement annuel des 500. Elle l’occupe depuis l’origine et, avec un chiffre d’affaires en hausse de 46,5 % en 2006, après 27,3 % l’année d’avant, elle distance ses suivantes sud-africaines de près de 50 milliards de dollars (contre 29 milliards dans l’édition précédente). Grâce à quoi la Sonatrach se trouverait propulsée au 80e rang mondial dans le classement de Forbes, en progression de 38 places, si notre confrère américain avait connaissance de son existence. La société pétrolière algérienne se placerait ainsi entre le constructeur aéronautique Boeing et l’électronicien sud-coréen LG – dans la cour des grands ! L’Afrique reste un mystère pour Forbes, qui ne connaît que 16 entreprises sud-africaines (quand nous en traitons 154), la première d’entre elles, notre numéro deux, Old Mutual, arrivant 526e dans son classement Global 2000. Dans le même ordre d’idée, la 2 000e de Forbes affiche un chiffre d’affaires de 720 millions de dollars, ce qui devrait permettre à 120 entreprises de notre Top 500 d’entrer dans son palmarès… Celui-ci comprend 43 sociétés chinoises, dont la première, PetroChina, affiche un CA de 68,43 milliards de dollars, à peine plus élevé que celui de son homologue algérienne. Faut-il en déduire que la Chine est à la mode, contrairement à l’Afrique ? Le continent n’est pourtant plus un acteur économique mineur, comme le montre la comparaison à laquelle nous nous livrons chaque année avec le palmarès international (voir le tableau ci-dessous). Le cumul des chiffres d’affaires place les 10 premières de notre classement au 13e rang mondial, en progression de deux positions en un an. Les 50 premières africaines arrivent 4e, gagnant une place, tout comme les 100 premières africaines, au 3e rang cette année. Cependant, la vitalité du géant algérien des hydrocarbures embellit quelque peu les performances d’ensemble, marquées par une hausse de 12,6 % du chiffre d’affaires global des 500 premières entreprises africaines, à 456,5 milliards de dollars. Hors Sonatrach, la progression pour les 499 sociétés concernées s’établit à 8,6 %, ce qui reste supérieur à la croissance économique observée dans la plupart des pays africains en 2006, année de référence de tous nos tableaux. À cet égard, l’Afrique du Sud pâtit de sa croissance pourtant stable, mais inférieure aux 6 % annuels qui lui permettraient de résorber son chômage et d’améliorer le pouvoir d’achat de ses citoyens. La diminution de la consommation intérieure est sans doute la principale explication à l’affaiblissement de plusieurs entreprises sud-africaines de notre Top 500. Il suffit d’observer la colonne « variation du chiffre d’affaires » des tableaux qui suivent pour le constater : à chaque fois, ou presque, qu’apparaît le signe négatif dans cette colonne, il se réfère à une entreprise d’Afrique du Sud. L’ONA détrôné au Maroc. La première puissance économique du continent ne représente « plus que » 53,7 % du CA des 500, avec 154 entreprises dans les 500, contre 60,5 % du CA et 163 sociétés il y a un an. Vient ensuite l’Algérie, avec près de 18 % du CA de l’ensemble et 35 entreprises. Le bilan n’est pas le même hors Sonatrach : avec 4,5 % du CA général et 34 entreprises, l’Algérie arrive alors derrière le Maroc (6,6 % du CA, 55 entreprises) et l’Égypte (6,4 %, 48 entreprises), mais toujours devant la Tunisie (2,2 %, 26 entreprises). Pour la première fois dans l’histoire de ce classement, l’économie marocaine n’est pas menée par la holding diversifiée ONA (en 26e position de notre classement) qui, malgré une belle performance (+ 23,8 %), se trouve détrônée par la Société marocaine de l’industrie du raffinage (25e dans le Top 500). â¨Pas de changement à la tête du classement en Égypte, où le groupe du milliardaire Naguib Sawiris, Orascom Telecom, continue de mener la danse, arrivant 18e cette année (il gagne 5 places) grâce à une hausse de 37,76 % de son chiffre d’affaires en un an. La deuxième entreprise égyptienne n’est autre qu’Orascom Construction (31e), propriété à 60 % des trois frères Sawiris, qui gagne 15 places avec un CA en hausse de 47,67 %. En Tunisie, c’est le secteur de l’énergie qui domine le haut du palmarès. En tête, la Société tunisienne des industries de raffinage (56e du classement général, en progression de 11 places), suivie de la Steg (Société tunisienne de l’électricité et du gaz, 90e, + 10 places). Notons la chute de l’opérateur historique Tunisie Télécom (104e), qui perd 11 places au classement général avec un CA en très légère baisse (- 0,02 %), tandis que son concurrent dans la téléphonie mobile, Tunisiana, entre cette année dans le classement, à la 282e place, grâce à une progression de 52,77 % de son chiffre d’affaires, à 238,7 millions de dollars. En Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud, le Nigeria affiche seulement 30 entreprises, totalisant 3,23 % du chiffre d’affaires d’ensemble. C’est peu en regard de sa population, mais le géant progresse chaque année dans nos tableaux. Il y a cinq ans, il ne représentait que 1,72 % du CA général. Le pays place, pour la première fois, une entreprise parmi les 50 premières africaines. Elle n’a de nigériane que son nom, puisqu’il s’agit de la filiale locale de l’opérateur sud-africain MTN (48e), en progression de 12 places grâce à une hausse de 50 % de son CA. On ne peut toutefois que déplorer le silence des entreprises purement locales, à commencer par le groupe public Nigerian National Petroleum Company, ou encore l’opérateur de télécoms Globacom, qui s’annonce numéro un de son secteur… sans dévoiler de données financières auditées pouvant le démontrer. Dans la répartition par pays (voir ci-dessous), nous avons réuni les entreprises de la zone franc qui figurent dans les 500 : Burkina (4 sociétés), Cameroun (17), Côte d’Ivoire (27), Gabon (10), Mali (5), Niger (1) et Sénégal (18).â¨L’ensemble représente 82 sociétés et 3,23 % du CA des 500. En dépit de la crise que traverse le pays depuis 2002, les entreprises ivoiriennes se maintiennent : elles représentent 1,58 % du CA total cette année (1,4 % il y a cinq ans), devant le Cameroun (1,15 %) et le Sénégal (1 %). Il n’y a cependant pas de société ivoirienne dans les 150 premières africaines (la Compagnie ivoirienne d’électricité arrive 181e), alors que le Cameroun en place deux (la Société nationale des hydrocarbures, 72e, et la Société nationale de raffinage, 100e) et le Sénégal trois, dont l’opérateur de télécoms Sonatel, qui gagne 18 places pour arriver 111e, passant devant la Société africaine de raffinage, en baisse de 23 places (- 10,22 % sur le CA). Enfin, le Gabon place la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) en 101e position. La société signe la deuxième meilleure progression de CA de l’année, avec + 256,5 %, ce qui la fait grimper de 141 places dans le Top 500. Au-delà des mines et du pétrole. Malgré la dynamique de croissance dans laquelle elle est engagée depuis presque une décennie – et qui permet à son PIB de dépasser 1 000 milliards de dollars en 2007 (contre 583 milliards en 2000) –, l’Afrique des entreprises ne change guère. Nos études par pays (à partir de la p. 140) et nos analyses par secteurs (p. 116) en témoignent. Certes, les télécommunications sont devenues une activité significative, grâce au succès de la téléphonie mobile. Dans notre édition 2002, les entreprises de télécoms présentes dans les 500 totalisaient un CA de 10 milliards de dollars, soit 3,87 % de l’ensemble. Elles atteignent cette année 47,8 milliards de dollars de CA et 10,5 % du total, faisant de ce secteur le deuxième du continent, derrière les hydrocarbures (21,3 %) et loin devant les mines (7,8 %), qui étaient numéro deux il y a cinq ans. Wataniya Télécom Algérie signe l’une des cinq plus fortes progressions de chiffre d’affaires de l’année (+86,7 %, voir p. 92). MTN Cameroun (+81,8 %) et Orange Côte d’Ivoire (+77,6 %) figurent parmi les dix plus fortes hausses. La performance de MTN Cameroun doit toutefois être relativisée, l’exercice précédent ayant été établi sur neuf mois (voir p. 134). Mais en cinq ans, le CA des entreprises travaillant dans les hydrocarbures affiche une progression presque aussi spectaculaire que celui des opérateurs de télécoms, pour atteindre 97,3 milliards de dollars dans cette édition, soit 21,3 % du total. L’exploitation des ressources naturelles reste donc la première source de création de valeur sur le continent et, à l’avenir, le mouvement devrait se poursuivre à travers le secteur minier, Pour le moment, ce secteur n’est que le cinquième dans notre Top 500, représentant 7,8 % du CA d’ensemble, à 35,5 milliards de dollars. Mais l’Afrique, qui possède 30 % des réserves mondiales de minerais (aluminium, cuivre, fer, manganèse et uranium, notamment), n’a certainement pas dit son dernier mot. Il suffit d’observer les ambitions africaines des multinationales telles que BHP Billiton ou Rio Tinto pour s’en convaincre. Reste à construire les usines africaines qui transformeront les richesses locales en produits exportables. La présence limitée d’entreprises industrielles – moins de 7 % du CA global – reflète la grande faiblesse des 500 premières entreprises africaines.

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