Où sont les meilleures ?

Management, finance, gestion, marketing… Ces super-écoles forment les décideurs de demain. Y compris en Afrique. Comment les choisir ?

Publié le 5 novembre 2008 Lecture : 8 minutes.

Pour tirer parti de l’économie mondialisée, les entreprises ont désormais besoin de cadres aux compétences élargies. Chacun à son poste doit comprendre tous les rouages du système pour surclasser une concurrence toujours plus forte. Seuls des établissements de haut niveau peuvent préparer ces futurs cadres. On les nomme « business schools ». En concurrence les unes avec les autres, ces super-écoles de commerce sont en quête d’excellence pour former les décideurs de demain. En dix ans, leur nombre a explosé. Comment choisir la sienne ? Jeune Afrique a décidé de vous présenter un palmarès des meilleures formations du continent. Mais que désigne exactement ce terme de « business school » ? Jean-Luc Ricci, professeur associé à HEC-Paris, détaille leur fonctionnement : « Ces formations doivent amener les étudiants à maîtriser toutes les composantes de l’entreprise : le management, la finance, la gestion, le marketing, la communication, la stratégie. Sans oublier une bonne culture générale et la connaissance de langues étrangères. Leur pédagogie se distingue par l’utilisation d’études de cas en complément des cours magistraux. Ces travaux pratiques permettent d’aborder de manière transversale plusieurs matières. Mais, au final, la véritable richesse d’une école, ce sont ses enseignants. » Le nombre de docteurs ès sciences (« PhD », en anglais) parmi les professeurs est, par exemple, un indicateur de qualité, tout comme la richesse de leur contribution à la recherche dans leur discipline, ce qui est bien plus difficile à mesurer. Le prestige des partenariats pédagogiques avec d’autres établissements est également significatif. En clair, mieux vaut être associé à la célèbre Harvard de Boston qu’à une obscure faculté du Wyoming. L’autre élément important, selon Jean-Luc Ricci,â¨consiste à évaluer la place laissée aux entreprises dans la formation. Leur présence est primordiale pour au moins deux raisons. En partageant leurs expériences, les professionnels permettent aux futurs cadres de confronter leurs connaissances théoriques aux exigences de la réalité. Ils représentent aussi de véritables sources d’inspiration pour les étudiants. Pour établir ce palmarès, nous avons tenu compte de quatre critères : le niveau du diplôme de fin d’études, la qualité des partenariats pédagogiques, la présence d’une structure de recherche au sein de l’école et la possibilité d’obtenir un double diplôme pour les étudiants. Toutes les informations ont été recueillies directement auprès des établissements (sites Internet, entretiens téléphoniques, questionnaires transmis par courriel). Notre sélection fait la part belle aux pays francophones, mais il n’y a pas de doute que certaines formations du Nigeria ou du Kenya mériteraient d’y figurer. Côté diplômes, la plupart des business schools n’ont pas encore pleinement achevé la réforme LMD (harmonisation des diplômes sur le modèle européen) (voir l’encadré ci-dessous). C’est la raison pour laquelle certaines proposent à la fois des masters et des maîtrises. Un retard qu’il faut relativiser, les universités françaises n’ont en effet adopté ce nouveau système que récemment. Première de la classe, la business school de l’université Witwatersrand (WBS), en Afrique du Sud. Fondée en 1968, elle propose, outre une spécialisation en management, un MBA classé dans les 60 meilleurs mondiaux par le très sérieux Financial Times. L’école participe au programme d’échange international PIM (Partnership in International Management), qui rassemble 54 prestigieuses institutions. WBS est également le plus important fournisseur d’études de cas (supports pédagogiques extrêmement précieux) en Afrique, et son école doctorale est reconnue pour la qualité de son travail. D’autres formations sud-africaines brillent également par leurs performances, c’est le cas de l’Unisa (University of South Africa) de Pretoria, ou de l’université de Stellenbosch, près du Cap. C’est ensuite au Maghreb que l’on retrouve la plus importante concentration de business schools du continent. À Alger, deux établissements seulement correspondent à la définition : l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa) et le MDI-Alger (ex-ISG). L’Esaa est née de la collaboration des autorités algériennes et françaises. Elle bénéficie du soutien d’un consortium de haute tenue : HEC, ESCP-EAP, Euromed-Marseille et l’École supérieure des affaires de l’université de Lille-II. Tous ses diplômes répondent aux normes LMD. Ses masters, ouverts aux bac + 3, se préparent en deux ans et offrent une double homologation avec Lille-II. Son MBA est cosigné par la totalité de ses partenaires pédagogiques. Cette jeune école, créée en 2004, veut devenir une référence au niveau régional. À la différence de l’Esaa, MDI-Alger n’offre pas de master en double diplôme avec des formations étrangères. Une lacune réparée par son MBA International Paris, délivré sous le double sceau des universités Paris-Sorbonne et Paris-Dauphine. D’autres partenaires pédagogiques témoignent de la qualité de ses enseignements : le groupe Edhec Business School (Lille, Nice), Audencia-Nantes… Les deux business schools algériennes sont membres de la European Foundation for Management Development (EFMD), qui délivre l’accréditation Equis, un label de qualité très prisé. Au Maroc, trois écoles parmi une dizaine ont retenu notre attention : Iscae, Esca et HEM (Institut des hautes études en management). Dotée d’une très bonne réputation auprès des cabinets de recrutement comme Michael Page, l’Iscae truste régulièrement la tête des classements marocains. Cette école dispense plusieurs masters, mais un seul aboutit à un double diplôme : management des services publics. Cosignée avec l’Essec française, cette formation ouverte aux titulaires d’un bac + 5 inclut un voyage d’études en France et offre toutes les garanties d’une formation de grande qualité. Autre collaboration intéressante, le master de contrôle de gestion conçu en partenariat avec l’ONA, premier groupe industriel et financier privé marocain. Créé par l’ancien directeur de l’Iscae, l’HEM est son plus sérieux rival. Son master (spécialisé vente-marketing ou finance) préparé en cinq ans après le bac est reconnu par l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de l’université de Lyon. HEM accueille par ailleurs le MBA International Paris. L’Esca complète le podium marocain. Ses masters bénéficient tous d’une possibilité de double diplôme avec une formation française. L’école propose en outre un executive MBA (destiné aux cadres en activité) en partenariat avec l’Edhec de Lille. La business school a prévu, en 2008, d’élargir son offre de formation en donnant la possibilité à ses étudiants de poursuivre leur cursus jusqu’au doctorat. Voilà qui lui permettra, si l’expérience est concluante, de se différencier de ses concurrentes. La Tunisie abrite la doyenne de notre palmarès, l’Ihec, née en 1942. Cette école a su renouveler son enseignement pour rester parmi les meilleures. Elle entretient des partenariats pédagogiques avec Paris-Dauphine et l’Université catholique de Louvain (Belgique). Ses masters n’offrent pourtant pas de double diplôme, mais l’école donne la possibilité à ses étudiants de poursuivre leurs travaux jusqu’au doctorat. L’Ihec s’est, semble-t-il, engagée dans une ­(re)dynamisation de sa pédagogie. La promotion de l’esprit d’entreprise figure au centre de son projet : travaux de groupe autour de ce thème, création d’un incubateur de projets d’entreprise, concours de business plans. À suivre. L’ISG est l’autre école qui jouit d’une grosse cote en Tunisie. Son master spécialisé « entreprenariat », bien que n’ouvrant pas droit à une double homologation, profite d’une collaboration avec l’université Paris-Dauphine. Une fois encore, pas de MBA au programme. Une absence qui fait sûrement les affaires de la Mediterranean School of Business (MSB), même si cette dernière revendique plutôt des ambitions internationales. La MSB s’adresse à des cadres expérimentés qui souhaitent passer un cap dans leur carrière. Elle propose un master et un MBA en partenariat avec la business school de l’université du Maryland, un ­partenaire de premier choix classé parmi les meilleurs au monde. Le prix de ses formations est bien supérieur aux standards régionaux, mais reste très attractif comparé aux tarifs pratiqués en Europe. Attention, tous les enseignements sont en anglais et seul le master ouvre droit à un double diplôme. Pour l’Afrique de l’Ouest, les meilleurs établissements se trouvent désormais à Dakar. Pionnier de l’enseignement privé au Sénégal, l’ISM propose, en plus d’un cycle bachelor (bac + 3) labellisé « centre d’excellence par l’UEMOA » en 2005, pas moins de 20 masters ainsi qu’un MBA en anglais. L’approche pédagogique accorde une place importante aux travaux pratiques. Les étudiants doivent, par exemple, concevoir des business plans qui font ensuite l’objet de soutenances. Un DEA permet aux étudiants qui le souhaitent de débuter un travail de recherche qu’ils pourront ensuite poursuivre par un doctorat. S’il n’y a pas de possibilité de double diplôme, l’ISM entretient néanmoins des liens étroits avec plusieurs partenaires pédagogiques de valeur, dont HEC. L’école est également membre de l’EFMD et de l’Association des business schools africaines (AABS). Plus axé sur la gestion, le Cesag n’est pas à proprement parler une business school. Les cinq établissements qui le composent proposent de nombreuses formations, de la licence au troisième cycle. Son master en « Banque et finance » bénéficie de nombreux soutiens institutionnels (Banque de France, BCEAO) et d’un partenariat privilégié avec la banque privée Ecobank, qui recrute une partie des diplômés. Le Cesag délivre également le MBA International Paris.â©â©En Côte d’Ivoire, l’Escae donne de nouveaux signes de vitalité après avoir subi, comme tout le pays, les conséquences de la guerre civile. L’école propose actuellement des cycles courts (DUT) en trois ans après le bac et des formations d’ingénieurs en deux ou trois ans après deux années de classes préparatoires. Ses principaux partenaires pédagogiques sont l’Intec (établissement spécialisé en comptabilité, rattaché au Conservatoire national des arts et métiers, en France) et l’université de Brighton, au Royaume-Uni (notamment pour des stages intensifs d’anglais). Mais le plus intéressant reste à venir : l’établissement renoue actuellement les liens avec HEC après des années d’interruption. À terme, l’école française pourrait appuyer l’Escae dans la réforme LMD de ses cursus, détacher certains de ses professeurs pour des séminaires de courte durée et apporter un appui matériel et scientifique aux chercheurs ivoiriens.â©Au Cameroun, Sup de Co-Yaoundé est une formation récente. Malgré des moyens limités, elle a su nouer un partenariat pédagogique intéressant avec ESC-Clermont-Ferrand. Bien que classée dans le bas du tableau en France, cette Sup de Co jouit d’une bonne réputation au niveau régional et, ce qui est plus surprenant, d’une accréditation de la très respectée AACSB (association de business schools américaines). Il faudra donc dorénavant surveiller Yaoundé qui, si elle tire parti de cette belle alliance, pourrait rapidement prendre du galon.

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