Un parrain recherché
Consul honoraire de Suède à Bamako, commandeur de l’Ordre national du Mali et chevalier de la Légion d’honneur française, actionnaire et administrateur de nombreuses sociétés de la place, vice-président du patronat, Aliou Tomota, 50 ans, marié et père de cinq enfants, est un pilier du business malien. Même si l’intéressé récuse les honneurs et aime la discrétion, personne n’est dupe : « Il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi », commente un opérateur économique de Bamako. Tomota a su traverser tous les régimes et construire, en trois décennies, un des premiers groupes privés du Mali. Pudique mais affable, l’homme est amateur de bons cigares, qu’il offre volontiers à ses nombreux visiteurs, dans son bureau au siège de Graphique Industrie, ou chez lui, dans sa villa cossue de Sébéninkoro. Le personnage est réputé pour son audace et son sens inné des affaires. Connu hier pour avoir racheté Edim lors de l’une des premières privatisations du Mali, Tomota excelle dans l’art d’être là où on ne l’attend pas. Huicoma et hôtel Ibis figurent parmi ses récents faits d’armes, au point que d’aucuns lui reprochent de se disperser. Pour certains concurrents, la razzia de ses filiales sur les contrats publics s’explique par ses accointances avec le pouvoir. « Absurde ! Si Tomota était un protégé de l’État, Huicoma ne connaîtrait pas les difficultés qu’elle connaît actuellement », s’insurge l’un de ses partenaires. Rodé aux critiques, l’entrepreneur concède que « pour réussir dans ce pays, il faut accepter de prendre des coups ». Reste à savoir jusqu’où il ira. La gouvernance semble être sa principale faiblesse. Aliou délègue peu et concentre presque tous les leviers de décision du groupe, engendrant des frustrations parmi les cadres, ce qui alimente un turn-over élevé. L’idée de consolider son groupe pour ensuite conquérir la sous-région l’amènera sans doute à prendre du recul, pour se concentrer sur sa stratégie de diversification. De quoi faire mentir ses détracteurs, qui ne voient en lui qu’un homme de « coups ».
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