L’épargne oui, l’arnaque non

Publié le 4 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Experts de tous ordres, patrons de banque, chefs d’entreprise, économistes… Tous le disent : le financement efficace des économies africaines doit forcément passer par une meilleure mobilisation de l’épargne intérieure. Voilà des décennies qu’on ne cesse d’en parler, mais rien ou pas grand-chose n’a vraiment été fait pour relever ce défi majeur. Ni les banques ni les autres institutions financières n’ont jusque-là été en mesure de trouver une solution. Et pourtant, l’actualité de ces derniers mois en Afrique de l’Ouest vient confirmer ce que l’on savait déjà : l’existence dans nos États d’une manne énorme qui ne demande qu’à être collectée et injectée dans le secteur privé, créateur de richesse, pour peu que l’on ait de l’imagination.

Cela, des individus véreux, via des sociétés illégales, semblent l’avoir mieux compris que nos institutions financières, archaïques dans leur fonctionnement, et n’ont pas hésité à exploiter le filon dans leur propre intérêt. Leur méthode, basée sur le principe frauduleux de la pyramide de Ponzi, est certes criminelle, mais les résultats auxquels elle a abouti interpellent. Dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Togo), où les taux de bancarisation ne dépassent guère les 6 %, ces entités ont collecté, en un temps record, plusieurs centaines de millions d’euros en promettant des taux d’intérêt mirobolants allant jusqu’à 200 % par an. Ainsi au Bénin, ICC Services a réussi à engranger, à elle seule, près de 152 millions d’euros.

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Si aucune institution financière sérieuse et digne de ce nom ne peut proposer de tels rendements à ses clients, il va sans dire, au vu des montants mobilisés, qu’il existe un vrai potentiel. La demande en produits de placement plus rentables qu’une épargne classique en banque est tellement forte que les épargnants, des particuliers pour la plupart mais aussi des PME et TPE, sont naïvement tombés dans le piège de ces sociétés malhonnêtes. Certains d’entre eux se sont endettés, d’autres ont même vidé leur bas de laine pour confier leur argent à ces structures qui ont totalement échappé au contrôle des services de régulation de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, en s’immatriculant comme des ONG ou des entreprises commerciales.

Tout cela est regrettable, mais rappelle aux acteurs de nos systèmes financiers la nécessité, sinon le devoir, d’innover et de sortir des sentiers battus pour proposer des produits attractifs et accessibles au grand public. En cela, les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), embryonnaires dans nos États et qui permettent au particulier, quel que soit son revenu, d’avoir accès à des investissements rentables, peuvent être une piste.

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