Bourses africaines : Un nouveau souffle

Malgré une année 2009 difficile pour la finance africaine, nos enquêtes et classements révèlent l’intérêt des gérants étrangers, le rôle croissant des Bourses occidentales et le développement rapide de nouvelles activités. Mais ils prouvent aussi que les financiers privilégient une poignée de pays et de secteurs.

 © Alexandre Dupeyron / JA

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Publié le 17 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Est-il enfin en train de se passer quelque chose autour des marchés financiers africains ? À en croire les gourous des marchés émergents (voir pages 96 à 98), il n’est plus permis d’en douter. Si l’Afrique ne représente pour l’instant que 2 % à 3 % des fonds investis dans les pays émergents, c’est non par manque d’intérêt mais par manque d’opportunités et du fait de l’existence de plusieurs contraintes lourdes (liquidité insuffisante sur les principaux marchés boursiers, faiblesse du nombre de titres cotés et des opérations d’introduction).

Jeune Afrique n’aura ainsi recensé, en 2009, que sept introductions en Bourse avec levées de fonds et autant de listings simples, sans levée de capital. Un chiffre dérisoire. Pis, la principale introduction (initial public offering, IPO) d’un groupe africain a eu lieu… à Paris, avec le distributeur panafricain CFAO. En 2010, la tendance semble se confirmer à Londres avec l’IPO record d’African Barrick Gold, filiale africaine du géant aurifère Barrick Gold, pour un peu moins de 900 millions de dollars (moins de 700 millions d’euros).

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Bourse: L'Afrique du Sud en pole positionDans le domaine des fusions-acquisitions africaines, ce phénomène d’extraterritorialité se constate également : la principale opération du genre en 2009 aura été l’acquisition du canadien Addax Petroleum par le chinois Sinopec, pour 7,2 milliards de dollars. En 2010, la cession de Zain Africa (dont le siège est aux Pays-Bas) à l’indien Bharti pour 10,7 milliards de dollars, est à ce jour le plus gros deal de l’année.

L’avenir financier de l’Afrique se jouerait-il ainsi pour l’essentiel à Johannesburg, Londres, Paris ou Dubaï ? C’est ce qui ressort de la lecture des pages qui suivent. Mais est-ce, en soi, un drame ? N’est-ce pas davantage une question lancée aux ministres de l’Économie et des Finances du continent sur la nécessaire union qui doit se faire entre les mondes financiers africains et occidentaux ? À part Johannesburg, Lagos ou Le Caire, aucune Bourse du continent ne peut permettre à une entreprise africaine de lever plusieurs centaines de millions de dollars pour son développement…

Ce rapprochement ne pourra être que gagnant-gagnant : à mesure que l’Afrique monte en visibilité, les grands investisseurs financiers internationaux envisagent de manière croissante d’y placer une partie de l’épargne qu’ils gèrent. Et lorsque de grandes figures de la gestion d’actifs comme Mark Mobius invitent la planète finance à s’intéresser au continent, l’effet ne peut être que positif pour le financement des entreprises et pour l’activité des sociétés de Bourse, conseils financiers, banques d’investissement qui vivent aujourd’hui un peu à l’étroit, notamment sur les places francophones (voir Courtage: Le marché des illusions perdues ).

Fusion-Acquisition: Le pétrole avant tout. Capital investissement: L'Afrique francophone à la traîne

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Le monde du private equity, un secteur qui explose en Afrique, l’a bien compris. Un pied à Londres, New York ou Singapour, pour collecter des montants vertigineux, l’autre à Lagos, Johannesburg ou Nairobi pour investir ces mêmes sommes. Même en 2009, année difficile, près de 1,5 milliard d’euros auront été injectés par les capital-investisseurs africains dans les 40 premières opérations du continent, comme le révèle notre classement page 117. En 2010, Helios Investment, Emerging Capital Partners, Aureos Capital et Kingdom Zephyr Africa Management (voir Capital Investissement, Royalement doté) ont bouclé des fonds pour une valeur totale de plus de 2 milliards d’euros, prouvant l’intérêt que les investisseurs internationaux ont pour le continent, mais aussi – il faut le souligner – le fort soutien que continuent à apporter les institutions de développement.

Reste la question de l’orientation de ces investissements. Les graphiques ci-contre, synthèses des classements exclusifs des pages suivantes, rappellent une concentration géographique des investissements et des levées de fonds en faveur d’un pays, l’Afrique du Sud. Mais ils montrent aussi que quelques autres, dont le Maroc, prennent également leur place, notamment dans le domaine des fusions-acquisitions.

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Par ailleurs, quelques secteurs, les plus dynamiques en Afrique, restent chéris par les financiers : la banque-finance, les ressources naturelles, les télécoms. Fort heureusement, d’autres pointent aussi le bout de leur nez : la santé, l’agro-industrie, les infrastructures. Et certains pays, comme le Nigeria, montrent que l’on peut être à la fois riche en ressources naturelles (le pétrole, en l’occurrence) et attirer l’attention des investisseurs financiers vers d’autres activités. Notamment celles liées à la consommation ou aux besoins des classes moyennes (distribution, alimentation, santé), secteurs d’avenir en Afrique.

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