Nigeria, traitement de choc
Dure année pour les banques de Lagos ! Plusieurs d’entre elles chutent dans notre classement, tandis que les réseaux panafricains Bank of Africa et Ecobank s’affirment.
Lamido Sanusi a réussi à éviter le pire. Le 17 août 2009, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria lançait un vaste plan de sauvetage du secteur bancaire, le premier de cette ampleur jamais mis en œuvre en Afrique . Un an après, les résultats sont là. Dans la tourmente, les présidents et directeurs généraux de cinq banques (Afribank, FinBank, Intercontinental Bank, Oceanic Bank et Union Bank of Nigeria) ont été démis de leurs fonctions. Et l’institut d’émission a dû intervenir pour sauver leurs établissements en injectant près de 4 milliards de dollars et leur éviter une faillite due à des créances douteuses.
Sur la vingtaine d’établissements audités par la Banque centrale, le total des prêts improductifs a été estimé à plus de 16 milliards d’euros (environ 40 % du portefeuille de crédits des cinq établissements les plus exposés). Une partie de ces fonds a été investie à perte à la Bourse de Lagos ou dans le financement d’activités de trading pétrolier lors de la flambée des cours du brut, il y a deux ans. Jusqu’à ce qu’ils s’effondrent… Conséquence : les groupes nigérians ont passé une année difficile, enregistrant une chute de leurs profits et de leurs fonds propres. Et se trouvent contraints de se plier aux exigences de leur tutelle. Une structure dédiée, l’Asset Management Company of Nigeria (Amcon), aura pour mission de récupérer leurs actifs toxiques. Dans le même temps, la Banque centrale veut réformer le secteur pour séparer les activités commerciales des activités spéculatives. Enfin, les principaux dirigeants bancaires vont être plus surveillés, et leurs mandats limités dans le temps.
En toute logique, ce contexte a incité les établissements à réduire considérablement leurs prêts depuis un an. Et certains restent dans une situation délicate. Ainsi Oceanic Bank, qui a perdu en deux ans environ 2 milliards de dollars, a annoncé en juin 2010 qu’il était dans l’incapacité de verser le bonus promis à ses actionnaires, la banque demeurant techniquement insolvable. Contraint de passer des provisions massives, le trio de tête – First Bank of Nigeria (FBN), Zenith International Bank et United Bank for Africa (UBA) – a également beaucoup souffert. FBN a ainsi vu ses bénéfices s’effondrer de 75 % en monnaie locale, une chute qui s’explique toutefois en partie par un exercice plus court (sur neuf mois). Les profits de Zenith ont quant à eux reculé de 60 %. Mais 2010 semble s’annoncer sous de meilleurs auspices. Ainsi, au premier trimestre 2010, UBA a réalisé un bénéfice net de 3,3 milliards de nairas (environ 22 millions de dollars), soit davantage que les profits engrangés au cours de l’ensemble de l’année 2009.
Derrière les turbulentes nigérianes pointent les groupes Ecobank (basé au Togo), Bank of Africa (BOA, basé au Mali) et, nouveau venu dans notre classement, le groupe Banque Atlantique (Atlantic Financial Group). Au 21e rang africain, le premier enregistre 9 milliards de dollars de total de bilan. Toutefois, il pâtit de la dégradation de l’environnement économique en général et de l’effondrement de la profitabilité de sa filiale au Nigeria. Son résultat net atteint seulement 64,6 millions de dollars, contre 111 millions l’année précédente. Le groupe déclare toutefois un PNB en hausse de 6 %, à 873,3 millions de dollars, pour un réseau de près de 750 agences.
Sur le marché ivoirien, SGBCI (Société générale) reste en tête avec un bénéfice de 43,3 millions de dollars en 2009, en hausse de 23 % par rapport à 2008. Même tendance pour Bicici (BNP Paribas), avec un résultat net de 20,5 millions de dollars, en hausse de 18 % par rapport à 2008. Mais BOA-CI, qui a été introduit en Bourse début 2010 avec un beau succès, enregistre une chute de son PNB de 21 millions de dollars.
Enfin, au Sénégal, un an après sa fusion avec Attijari Bank Sénégal, la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale (CBAO) réalise un résultat net de 23,6 millions de dollars, en hausse de 31 % par rapport à 2008. Avec un PNB de 97 millions de dollars, la filiale du groupe Attijariwafa Bank revendique 22,3 % de part de marché.
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