Anjouan rentre dans le rang

Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

L’archipel des Comores vient encore de vivre une année de tensions. Déjà, en octobre 2006, le climat s’était profondément dégradé après la promulgation par le chef de l’État, Ahmed Abdallah Sambi, des lois délimitant les compétences respectives de l’Union des Comores et de chacune des trois îles dans les domaines de la justice et de la sécurité. Ce qui avait ravivé les dissensions entre le pouvoir central et l’exécutif anjouanais.

Un nouvel épisode s’est joué le 2 mai, lorsque les gendarmes d’Anjouan, fidèles au président de l’exécutif insulaire, Mohamed Bacar, ont pris le contrôle de Mutsamudu. Leur chef a d’ailleurs pris l’initiative d’organiser lui-même sa réélection le 10 juin, date à laquelle les trois îles devaient renouveler leurs exécutifs respectifs. Cette mascarade électorale a été dénoncée par les autorités fédérales et par l’Union africaine (UA). Lors de sa réunion du 10 octobre à Addis-Abeba, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a choisi de rompre toute discussion avec Anjouan. Le CPS a également décidé d’imposer des sanctions aux autorités insulaires : restriction des déplacements et gel des avoirs financiers à l’étranger. Ont notamment été visés le colonel Bacar, les membres du gouvernement, le Parlement, le cabinet civil du président et l’état-major de la gendarmerie de l’île (fidèle à Bacar), ainsi que certaines personnalités qui financent le régime factieux. L’UA a également fait savoir qu’elle avait l’intention de prendre des mesures plus coercitives, en procédant au blocus du territoire dans un délai de quarante-cinq jours.

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Pour sa part, le colonel Bacar n’a cessé de rejeter la demande de l’UA d’organiser une nouvelle consultation sur l’île. L’homme fort de Mutsamudu a même frappé le président de la République Sambi d’une interdiction de séjour à Anjouan. Remettant en cause la médiation de l’UA, il a réclamé la tenue d’une conférence intercomorienne pour régler la crise. Pour leur part, les autorités de l’Union ont refusé de négocier avec le « président dissident ». Mais l’armée comorienne n’ayant pas les moyens d’en découdre face à la Force de gendarmerie d’Anjouan (FGA), forte de plus de 500 hommes fidèles à Bacar, l’Union africaine a dû aider Moroni à trouver une solution militaire à la crise.

Le 25 mars 2008, l’opération Démocratie, menée par plus d’un millier de soldats de l’armée comorienne et de l’Union africaine, a rétabli par la force l’ordre constitutionnel sur Anjouan. L’offensive a permis de chasser le colonel Mohamed Bacar. Bacar renversé et son administration « dissoute », l’État fédéral a nommé l’un des vice-présidents des Comores, Ikililou Dhoinine, pour administrer Anjouan dans l’attente d’un gouvernement de transition, avant d’organiser une nouvelle présidentielle.

L’archipel tout entier s’est trouvé déstabilisé par ces neuf mois de crise, les conditions de subsistance étant de plus en plus difficiles pour la population, qui vit majoritairement en dessous du seuil de pauvreté. Si bien que l’immigration clandestine se poursuit à un rythme soutenu. Une embarcation de fortune transportant des clandestins en provenance d’Anjouan a chaviré le 13 août 2007 au large de Mayotte, entraînant la disparition d’une quarantaine de personnes. De nombreux habitants des trois îles des Comores tentent de gagner clandestinement Mayotte, île de l’archipel qui a décidé de rester française lors de l’indépendance, en 1975, et où le niveau de vie est beaucoup plus élevé.

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