Les nuages s’amoncellent
Ce petit pays a eu beau produire en 2007 l’un des plus gros diamants du monde (494 carats), il n’en reste pas moins parmi les plus pauvres. Le Lesotho ne parvient pas à diversifier suffisamment son économie ni à diminuer sa dépendance envers le géant sud-africain. Les transferts d’argent des Sothos travaillant en Afrique du Sud – essentiellement dans les mines – représentent encore 40 % du PIB, le reste des revenus provenant de la fourniture d’eau aux zones industrielles de son puissant voisin grâce à la mise en service du « Highlands Water Project », le plus grand barrage de la région.
Paradoxalement, le pays qui assure l’approvisionnement en eau de l’Afrique du Sud n’a lui-même pas de quoi satisfaire ses besoins. Le gouvernement a demandé en juillet 2007 une aide d’urgence. Plus de 30 % des puits d’eau potable étaient à sec. En cause, outre les problèmes structurels, une sécheresse chronique depuis cinq ans. La production agricole, avec seulement 15 % de terres arables, reste très insuffisante. En 2007, la baisse de la production conjuguée à une augmentation des prix du maïs dans toute l’Afrique australe a placé plus de 300 000 Sothos dans une situation de précarité extrême. Et début 2008, la région a été frappée par d’importantes chutes de pluie et des inondations. Quoi qu’il en soit, le royaume ne peut se passer de l’aide alimentaire. Alors que dans les années 1980, ce pays de moins de deux millions d’habitants produisait 80 % de ses besoins en céréales, ce chiffre est passé à 50 % dans les années 1990, pour tomber à environ 30 % actuellement.
L’une des raisons de ce déficit est la propagation du sida. Plus de 23 % des adultes de 15 à 49 ans sont séropositifs. On estime qu’en 2010 le gouvernement devra prendre en charge le traitement de plus de 260 000 malades et s’occuper de quelque 200 000 orphelins. Le pays devrait avoir de plus en plus recours à l’aide extérieure pour assumer ces nouvelles charges.
L’espoir suscité par l’essor de l’industrie textile s’émousse peu à peu. En 2004, grâce à l’accord commercial Agoa, qui lui ouvrait les portes des États-Unis, le Lesotho avait réussi un développement industriel sans précédent. Le textile était devenu le premier employeur du pays, avec quelque 50 000 personnes. La fin du système international de quotas, profitant à la Chine, a contraint de nombreuses entreprises à la fermeture en 2005. Dès 2006, cependant, l’industrie, dirigée par des investisseurs asiatiques, est parvenue à remonter la pente – parfois, selon les syndicats, au prix de la détérioration des conditions de travail. La situation reste néanmoins précaire. Les avantages accordés par l’Agoa ne sont pas éternels, et la production du Lesotho risque de ne pas être compétitive une fois l’accord arrivé à son terme.
À la fin de 2007, la polémique sur les résultats des élections législatives, qui ont eu lieu en février de la même année, persistait. Le Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD, au pouvoir) a remporté la majorité des sièges, mais l’opposition conteste le nombre de fauteuils attribués par la suite à chaque camp. En décembre, à l’appel de l’opposition, le pays a été paralysé par une grève générale. D’autres mouvements pourraient suivre en 2008. En juin 2007, le gouvernement a instauré un couvre-feu pendant une semaine après des attaques contre des gardes du corps de trois ministres. Au même moment, le leader de l’opposition, Tom Thabane, a déclaré avoir échappé à une tentative d’assassinat à son domicile. Le pays n’est pas à l’abri de nouvelles tensions politiques.
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