Nouvelle politique minière
La Zambie s’est donné un an pour se doter d’une nouvelle Constitution. Cette révision n’est pas un luxe : le texte fondamental qui régit actuellement le pays est issu de l’époque coloniale britannique. Mais la partie s’annonce difficile. D’importantes organisations, dont le Front patriotique (PF), principal parti d’opposition, mais aussi la Fédération des syndicats libres de Zambie (FFTUZ) et l’Église catholique, ont décidé de boycotter la Conférence nationale constitutionnelle au sein de laquelle auront lieu les discussions, la jugeant dominée par le pouvoir et ses alliés. Le coût exorbitant de la Conférence nationale a également été dénoncé par plusieurs mouvements qui s’indignent du montant des indemnités versées à chacun des 462 participants à ce forum – 250 dollars par jour –, dans un pays qui se classe en 2007 à la 165e place sur 177 au classement du développement humain du Pnud. Pour sa part, le président zambien, Levy Mwanawasa, réélu en 2006, s’est ouvertement opposé aux propositions visant à réduire les pouvoirs présidentiels au bénéfice des libertés publiques, tout comme il refuse de diminuer l’effectif de son gouvernement. Les précédentes tentatives de révision de la Constitution s’étaient déjà soldées par des échecs en raison de différends politiques. Cette fois encore, les débats s’annoncent houleux.
Dans le domaine de l’économie, c’est le revirement de la politique minière qui a retenu l’attention. Fini les « cadeaux » octroyés aux compagnies privées. Désormais, elles seront priées de s’acquitter d’un impôt plus élevé. Le ministre des Finances, Ngandu Magande, a précisé que le gouvernement avait commencé à négocier avec les grands opérateurs miniers dans la perspective d’appliquer les nouvelles mesures dès le début de 2008. « Il est important d’augmenter la contribution de ces compagnies », a-t-il estimé. Il est vrai que la taxe sur les bénéfices, que le gouvernement veut porter de 0,6 % à 3 %, était l’une des plus faibles du monde. Le rétablissement d’une taxe de 15 % sur les dividendes, dont la plupart des grandes compagnies minières étaient jusque-là exonérées, est également prévu. Cette année, l’exploitation du cuivre devrait rapporter 3,5 milliards de dollars aux opérateurs, qui ne paieront que 198 millions de taxes à l’État, a ajouté Ngandu Magande. La pression fiscale globale sur l’activité minière en Zambie est la plus basse au monde.
La Zambie a tout de même profité de la hausse des cours des produits miniers. Les prévisions de croissance ont été revues à la hausse et le PIB devrait croître de 7 % cette année, selon le Trésor public. Le pays s’est aussi engagé dans un processus de diversification de son économie et peut désormais compter sur l’agriculture (maïs, coton, café, sucre, tabac), qui contribue au PIB à hauteur de 22 %, notamment grâce à l’arrivée de fermiers fuyant le Zimbabwe. Le secteur du tourisme bénéficie lui aussi d’un « coup de pouce » involontaire du voisin zimbabwéen, en froid diplomatique avec de nombreux pays européens. La quasi-totalité des touristes britanniques qui visitent l’Afrique australe en allant invariablement admirer les chutes Victoria préfèrent passer par la ville zambienne de Livingstone, plutôt que de se rendre sur la rive zimbabwéenne. En revanche, le sida constitue un sérieux handicap pour l’avenir du pays : un enfant sur deux n’atteindra pas l’âge de 40 ans.
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