Pluralisme et inégalités
La fin de l’année 2007 a été marquée par deux événements politiques qui devraient largement influer sur l’avenir du pays. Le « père de la Nation » et ex-président, Sam Nujoma, à la tête de l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo, au pouvoir) depuis sa création en 1960, a décidé, à 78 ans, de passer la main. À l’occasion du congrès quinquennal du parti qui s’est tenu fin novembre, Nujoma a solennellement déclaré qu’il passait « le flambeau de la direction de notre grand parti, la Swapo, au camarade Hifikepunye Pohamba, allié de longue date et membre fondateur » de la Swapo. L’actuel président de la République a ainsi hérité de la direction du mouvement après avoir été élu à la tête du pays en 2005, là encore à la suite de la démission volontaire de Sam Nujoma. Il sera donc en mesure de briguer un second mandat avec le soutien du parti.
Le second événement ressemble plus à un coup de tonnerre dans le paysage politique namibien. Au sein de la Swapo, des divergences ont conduit de hauts responsables à démissionner en octobre pour former un nouveau parti politique, le Ralliement pour la démocratie et le progrès (RDP), conduit par l’ancien ministre des Affaires étrangères Hidipo Hamutenya, limogé par Nujoma en 2004. Il faudra donc que la Swapo accepte l’existence d’un autre parti issu de ses rangs et fasse l’apprentissage de la démocratie pluraliste… Selon certains observateurs, nombre de Namibiens sont lassés du discours de la Swapo, qui se pose en libérateur du pays depuis dix-sept ans. Ils attendent plus de réalisations concrètes alors que la société namibienne demeure marquée par de très fortes inégalités. Bref, les élections législatives et présidentielle prévues pour 2009 seront révélatrices des attentes de la population.
Le principal défi de ce pays, classé « à revenu intermédiaire » par la Banque mondiale, demeure celui de l’extrême inégalité de la répartition des richesses, un héritage du régime de l’apartheid. S’y attaquer implique de mettre en œuvre une politique de redistribution des terres très délicate, avec l’épouvantail zimbabwéen en tête. Environ 3 800 fermiers, presque tous blancs, possèdent la majorité des terres cultivables de ce pays semi-désertique. Face à la lenteur du processus de redistribution, le syndicat des ouvriers agricoles s’impatiente. D’autant que trois propriétaires terriens allemands ont contesté l’an dernier devant la justice la légalité de leur expropriation.
Toujours dominée par le secteur minier, l’économie namibienne a profité de la bonne tenue des cours. La croissance s’est maintenue à 4,8 % en 2007, contre 4,6 % l’année précédente. Les bonnes perspectives sur les prix des minerais devraient également jouer en 2008, avec une croissance attendue de 5,3 %. Du coup, certains projets sont relancés et des mines – notamment d’uranium – menacées de fermeture il y a peu, voient s’offrir un nouvel avenir. Enfin, après un bras de fer qui aura duré presque un an entre la société sud-africaine De Beers et le gouvernement namibien, un accord a été conclu en 2007, aux termes duquel la Namibie exercera un meilleur contrôle sur la vente des diamants.
Pour la population, les conditions de vie ne se sont pas forcément améliorées : une inflation non négligeable de 6,7 % en 2007, un chômage qui touche un tiers de la population et un taux de prévalence du sida élevé (22 %)… Le gouvernement aura donc fort à faire d’ici à 2009. Sa priorité : favoriser la création d’emplois dans le secteur privé pour mieux redistribuer les fruits de la croissance.
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