Démocratie : le grand test

Publié le 28 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Ses performances macroéconomiques feraient presque oublier que le Mozambique est d’abord un pays en voie de stabilisation politique. Mais la communauté internationale en est consciente, qui s’inquiète des retards enregistrés en 2007 par la Commission nationale électorale au sujet du recensement électoral (10,5 millions d’électeurs potentiels). Quatre scrutins déterminants doivent avoir lieu en 2008 et 2009, offrant l’occasion d’un grand test pour la fragile démocratie du pays : élections provinciales et municipales d’abord, puis présidentielles et législatives. Après modification de la Constitution, les élections provinciales ont dû être reportées au-delà de la date légale (16 janvier 2008) ; elles seront vraisemblablement associées aux élections générales de décembre 2009, au grand dam du principal parti d’opposition, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo). Celui-ci voulait les voir se tenir au plus tard lors des municipales, prévues en octobre 2008, et dénonce une manipulation du Front de libération du Mozambique (Frelimo), au pouvoir depuis trente-deux ans.

Il faut dire que les nouvelles assemblées élues dans les provinces auront, dans le cadre d’une loi de décentralisation, un véritable pouvoir d’opposition et de contrôle sur les gouverneurs nommés par le pouvoir central. Une indépendance des administrations locales sur laquelle la Renamo – qui accuse régulièrement les autorités de Maputo de malmener ses partisans – espérait pouvoir s’appuyer en vue des élections générales de 2009. Autre point de litige : le moindre déploiement des brigades de recensement dans les provinces traditionnellement peu favorables au Frelimo (une pour 3 000 habitants à Sofala et Zambezia, par exemple, contre une pour 2 000 ailleurs).

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Condamnant les dérives du Frelimo, particulièrement en matière de lutte contre la corruption, et malgré les menaces répétées de diminuer ses aides, le Groupe des bailleurs de fond (G17) n’en continue pas moins de soutenir activement le Mozambique, notamment dans le cadre du Plan d’action pour la réduction de la pauvreté absolue (Parpa). Ses promesses de dons pour 2008 affichent même une augmentation de 10 % par rapport à 2007 (hors nouvelle réduction de dette), pour se situer à 435 millions de dollars. La communauté internationale entend ainsi féliciter un de ses meilleurs « élèves » africains en ce qui concerne les résultats macroéconomiques.

À ce titre, le Mozambique n’a pas déçu en 2007, avec une croissance stable de 7 % cette année, en légère baisse par rapport à 2006 (8,5 %). L’inflation a été maintenue, même si elle a dépassé le seuil des 10 %, et les infrastructures progressent, avec notamment la construction – enfin lancée – d’un pont sur le Zambèze, qui devrait contribuer au désenclavement du nord du pays. Mais le modèle de développement mozambicain commence à s’essouffler et rencontre des critiques de plus en plus vives. En témoignent les graves émeutes de Maputo, le 5 février 2008, en réaction à l’augmentation des prix des transports. La croissance et les méga-projets miniers et industriels (aluminium, gaz naturel, raffinerie, métallurgie…) créent peu d’emploi et le Mozambique ne décolle pas du classement du développement humain du Pnud, reculant même à la 172e place sur 177. Les séquelles de la guerre civile (1975-2002) sont loin d’être entièrement gommées, comme l’a rappelé l’explosion accidentelle, en mars 2007 à Maputo, du plus grand dépôt d’armes du pays, qui a fait 72 morts.

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