En attendant les élections

Publié le 28 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

L’année 2007 a vu la prolongation du bras de fer entre le camp du président Bingu wa Mutharika, soutenu par le Parti démocratique progressiste (DPP), et celui de son prédécesseur, Bakili Muluzi. La formation de ce dernier, le Front démocratique uni (UDF), anime la fronde parlementaire contre le pouvoir, laquelle retarde la mise en œuvre de certaines réformes.

Après le limogeage en février 2006 du vice-président de la République, Cassim Chilumpha, puis son arrestation en avril 2006 pour complot contre le chef de l’État, le pouvoir a mis l’accent sur la lutte contre la corruption, orientant les poursuites vers de hauts responsables, dont l’ex-président Muluzi. Dans ce climat délétère, les élections locales, initialement prévues en 2005, n’ont pas pu se tenir en 2007, faute de consensus sur la composition de la commission électorale en charge du scrutin. D’ailleurs, les retards pris dans l’organisation des consultations populaires commencent à faire planer des doutes sur la tenue des élections générales – notamment la présidentielle – prévues pour 2009.

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Affaibli par des querelles intestines, le gouvernement peine à poursuivre les efforts souhaités par les bailleurs de fonds sur le plan macroéconomique. Le Malawi, qui reste l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, n’atteindra pas les Objectifs du millénaire pour le développement sur la réduction de la pauvreté faute de croissance économique soutenue, a estimé en octobre 2007 le ministère de la Planification économique et du Développement. Même si quelques progrès ont été enregistrés sur la dernière décennie, puisque 45 % de la population vit désormais avec moins de un dollar par jour, contre 54 % en 1998, l’objectif d’une division par deux du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté d’ici 2015 est hors de portée.

Avec un produit intérieur brut dont la hausse n’a pas excédé 2 % par an en moyenne sur la dernière décennie, la priorité du gouvernement est de relancer l’activité. La Stratégie pour la croissance et le développement du Malawi (MGDS) vise un taux de croissance de plus de 6 % dans les prochaines années. Pour y parvenir, le pays compte sur le développement des filières agricoles (notamment le tabac) et sur l’exploitation de l’uranium de Karonga par la société australienne Paladin Africa.

Toutefois, à plus court terme, près de 520 000 personnes vont manquer de nourriture avant la récolte de 2008 en raison de la sécheresse dans plusieurs régions, estime le Programme alimentaire mondial. Cette nouvelle menace de famine survient alors que le Malawi, qui a besoin de 2 millions de tonnes de nourriture par an pour satisfaire ses 12 millions d’habitants, avait connu en 2006, pour la première fois depuis sept ans, une récolte suffisante pour équilibrer sa balance alimentaire. La récolte 2007 avait même permis de dégager un important excédent céréalier, dont 400 000 tonnes avaient été exportées au Zimbabwe.

Mais le phénomène des sécheresses risque de devenir récurrent compte tenu de la déforestation. Quelque 50 000 hectares de forêts sont détruits chaque année par l’expansion de la culture du tabac (premier produit d’exportation du pays avec 70 % des recettes en devises) et par les coupes sauvages faites par des villageois en quête de bois de chauffage et de surfaces cultivables. Le taux de déforestation du Malawi, qui atteint 2,8 % par an, est le plus élevé d’Afrique australe.

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