Un modèle de stabilité

Publié le 28 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

La crise kényane viendra-t-elle perturber le tranquille chemin de croissance que suit la Tanzanie depuis plusieurs années ? Havre de stabilité dans une région en proie à des crises multiples, le pays de Jakaya Kikwete, l’un des plus pauvres de la planète, ne semble pas décidé à se laisser entraîner dans le tourbillon mortifère est-africain. Depuis 2004, la croissance du PIB a dépassé 6,5 % en moyenne annuelle ; elle devrait se maintenir à 7 % en 2008. Le gouvernement continue donc de promouvoir sa « vision 2025 », date à laquelle il souhaite que la Tanzanie devienne un pays à revenu intermédiaire. Si l’ambition semble dépasser les moyens d’une nation qui figure encore à la 159e place (sur 177) du classement du Pnud selon l’indice de développement humain, elle a le mérite de la faire avancer dans la bonne voie.

L’agriculture demeure la principale source de richesse (45,9 % du PIB) et emploie plus des deux tiers de la population, majoritairement dans des exploitations de petite taille. En 2007, cependant, et malgré l’instabilité du cours du café, certains producteurs ont réussi à s’imposer sur la scène internationale. Les agriculteurs de Kilicafe ont ainsi gagné 3 millions de dollars en vendant leur récolte à des multinationales comme l’américaine Starbucks. Le secteur minier, l’une des priorités du pays, commence à décoller sans avoir pour autant, jusqu’à maintenant, réussi le bond souhaité. Malgré l’augmentation du prix de l’or – plus de 700 dollars l’once en 2007, contre 400 en 2005 –, l’exploitation minière ne représente toujours que 3,8 % du PIB. À l’image de nombre de pays du continent, la Tanzanie tente de renégocier les contrats avec les entreprises étrangères qui investissent dans son sous-sol. Barrick Gold a ainsi accepté de participer à hauteur de 7 millions de dollars par an à un fonds de développement, et trois majors paient dorénavant l’impôt sur le revenu de leurs expatriés.

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L’excellente image dont bénéficie la Tanzanie à l’extérieur lui permet d’attirer les investissements étrangers et d’augmenter ses exportations industrielles. Avec, entre autres, SABMiller, qui détient Tanzania Breweries, et Japan Tobacco, propriétaire de Tanzania Cigarettes, la croissance du secteur manufacturier s’améliore. Autre secteur porteur d’espoirs pour le pays, le tourisme continue de se développer fortement. Ses responsables souhaitent faire passer le nombre d’entrées à 1 million par an d’ici à 2010, contre 645 000 en 2006.

La dépendance à l’égard des bailleurs de fonds tend à se réduire, le gouvernement espérant faire passer la part des recettes fiscales internes dans le budget de l’État de 14,5 % aujourd’hui à 20 % en 2009-2010. L’aide représente toujours 39 % des sources de revenus du budget 2007-2008.

Certains bouleversements politiques pourraient en revanche ternir la bonne image dont jouit la Tanzanie. Plusieurs scandales mêlant des hauts responsables ont ébranlé le Chama Cha Mapinduzi (CCM, au pouvoir). À tel point que le chef de l’État lui-même a tiré la sonnette d’alarme et prévenu que les électeurs pourraient tourner le dos au parti créé par Julius Nyerere si le laxisme, la corruption et la culture de l’irresponsabilité continuaient de sévir. Personne ne croit vraiment à une victoire de l’opposition en 2010, même si les partis s’organisent et s’allient. Plus important, tant dans les rangs de l’opposition que dans ceux du CCM, des représentants de nouvelles générations prennent le pouvoir. Et c’est probablement grâce à eux que la Tanzanie pourra, encore davantage, s’affirmer comme l’exemple à suivre en Afrique de l’Est.

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