Dans le bourbier de Mogadiscio

Publié le 28 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Après dix-sept années de guerre civile, les perspectives d’un retour à la paix semblent plus hypothétiques que jamais en Somalie. De fait, avec l’arrivée des troupes éthiopiennes sur le territoire somalien en décembre 2006, la violence est montée d’un cran. Bien qu’ayant rapidement accompli leur mission initiale – mettre en déroute les fondamentalistes de l’Union des tribunaux islamiques qui, au cours des six mois précédents, s’étaient progressivement emparés d’une bonne moitié sud du pays –, les troupes d’Addis-Abeba ne sont pas parvenues à renforcer l’autorité du président Abdallah Youssouf Ahmed et de son gouvernement de transition. Bien au contraire : l’intervention militaire du principal allié de Washington dans la région a favorisé l’émergence d’une nouvelle insurrection regroupant, dans un même élan anti-éthiopien et anti-gouvernemental, milices tribales et éléments radicaux islamistes. Depuis la débâcle des Tribunaux islamiques, en janvier 2007, la capitale somalienne est devenue le théâtre de combats meurtriers quasi quotidiens. Dans cette guerre urbaine sans merci, au moins 600 000 personnes – soit le tiers des habitants de Mogadiscio – ont été contraintes de fuir leur domicile et de se réfugier dans des camps de fortune situés à la périphérie de la ville.

Sur le plan politique, le bilan du gouvernement fédéral de transition n’est guère reluisant. Depuis sa mise en place, en octobre 2004, ce dernier a souffert d’une absence de légitimité populaire, aggravée par son alliance avec l’« occupant » éthiopien. À un peu plus d’un an de la fin de son premier mandat de cinq ans, l’équipe du président Abdallah Youssouf Ahmed accumule les échecs : incapable d’exercer son autorité sur la plus grande partie du territoire national, faisant face à des accusations répétées de corruption, elle souffre en outre de profondes divisions internes. Une série de crises opposant le chef de l’État à son Premier ministre, Mohamed Gedi, a ainsi conduit ce dernier à démissionner de son poste le 29 octobre 2007. Le 24 novembre 2007, il a finalement été remplacé par Nour Hassan Hussein, ancien colonel de la police et ancien vice-président du Croissant-Rouge somalien.

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Sur le front économique, l’ancienne colonie italienne est au bord de l’asphyxie. Les violents combats entre les forces gouvernementales alliées à l’armée éthiopienne et les insurgés ont entraîné, en fin d’année 2007, la fermeture du marché de Bakara, poumon économique et commercial de la capitale, générant dans la foulée une flambée des prix des produits de première nécessité. La corruption, la piraterie maritime et la fermeture de la frontière avec le Kenya voisin freinent également toute relance significative de l’activité économique. L’agriculture, notamment l’élevage et la culture de bananes, assure une part essentielle des maigres richesses du pays. Mais ce sont en premier lieu les transferts d’argent de la diaspora – quelque 2 millions de personnes – qui permettent de maintenir l’économie sous perfusion : l’apport financier des Somaliens de l’extérieur représenterait entre 500 millions et 1 milliard de dollars par an – soit de deux à quatre fois le montant annuel de l’aide internationale.

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