Des affrontements ethniques ?

Publié le 28 novembre 2008 Lecture : 1 minute.

C’est une blague que les Luos (13 % de la population kényane) aimaient à faire avant l’élection présidentielle du 27 décembre 2007 : les Américains éliront un président luo bien avant que les Kényans ne le fassent ! Référence à la candidature à l’investiture démocrate du sénateur de l’Illinois, Barack Obama, dont le grand père était luo, cette saillie illustrait aussi une certaine frustration. Depuis l’Indépendance, en 1963, l’ethnie Kikuyu (22 % de la population), à laquelle le premier président, Jomo Kenyatta, appartenait, a longtemps été favorisée. Une mauvaise habitude que Kibaki, lui-même kikuyu, a perpétuée après le règne de Daniel arap Moi, qui est, lui, kalenjin (12 % de la population). Faut-il pour autant voir dans les affrontements récents un conflit ethnique opposant Kikuyus et Luos ? La plupart des spécialistes pensent qu’il faut chercher l’explication des heurts dans la mauvaise répartition des richesses plutôt que dans les antagonismes tribaux. Le conflit oppose ceux qui possèdent (des terres, un travail…)  à ceux qui n’ont rien. Pour le chercheur et historien Gérard Prunier (Libération du 15 janvier 2008) : « Dans la violence actuelle au Kenya, l’enjeu va donc être de parvenir à éviter le dérapage d’un conflit social et économique, que des négociations et des initiatives politiques peuvent permettre de circonscrire, vers un affrontement viscéral et incontrôlable entre groupes tribaux assumant – ou forcés d’assumer – les pratiques parfois criminelles de leurs élites. […] Le tribalisme, loin d’être la cause des violences, n’en est que l’instrument. »

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