En attendant le « dialogue politique »

Publié le 27 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Après avoir privilégié l’affrontement armé, le président Bozizé a fini par tendre la main à la principale rébellion du nord-ouest du pays, le 6 novembre. L’Armée populaire pour la restauration de la démocratie a été conviée à participer au « dialogue politique », alors que les autres factions avaient déjà donné leur accord.

Reconnaissant que la population a payé un lourd tribut aux affrontements entre rebelles et loyalistes, Bozizé a même demandé pardon pour les violences commises. Dans un rapport publié en septembre 2007, l’organisation Human Rights Watch (HRW) accusait la troupe d’avoir, depuis mi-2005, tué des centaines de civils, incendié plus de 10 000 maisons et provoqué l’exode de centaines de milliers de personnes dans le nord du pays. Après deux ans de guerre civile, l’ONG dresse un bilan accablant des exactions commises par les belligérants. Et si la conduite des rebelles est loin d’avoir été irréprochable, celle des loyalistes a, semble-t-il, été pire encore.

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HRW a également mis en cause l’armée française, qui a fourni un appui déterminant aux forces loyalistes dans leur reconquête des villes prises par les rebelles en novembre 2006. Depuis plusieurs années, Paris maintient sur place un contingent de près de quatre cents hommes. Mais par crainte de voir ces unités associées aux crimes de soldats centrafricains, le président Nicolas Sarkozy a décidé, en juillet 2007, de cesser toute coopération avec la garde présidentielle.

Avec une armée de 5 000 hommes dont à peine la moitié est opérationnelle, Bangui ne parvient pas à juguler le banditisme qui déstabilise le pays. Conséquence, la situation humanitaire reste très tendue dans le Nord-Ouest, où l’on compte plus de 200 000 personnes déplacées et quelque 80 000 réfugiées au Cameroun, au Tchad et au Soudan. Pour ne rien arranger, la région subit les contrecoups du conflit au Darfour voisin, avec un afflux régulier de civils fuyant les combats. Le gouvernement espère donc que la force européenne Eufor, qui s’est déployée à partir de février 2008 au Tchad et en Centrafrique sous mandat de l’ONU, gênera les rebelles, rassurera les populations locales et limitera l’afflux de réfugiés venus du Soudan.

À Bangui, l’instabilité politique influe sur le climat social. Le 17 septembre 2007, la majorité des 24 000 fonctionnaires se sont mis en grève pour réclamer le paiement d’arriérés de salaires, alors que la Centrafrique traverse une grave crise financière. Les agents de l’État réclament l’apurement de sept mois d’arriérés de traitements accumulés depuis l’arrivée au pouvoir de Bozizé, en mars 2003.

Pour tenter de sortir de cette impasse, une table ronde des bailleurs de fonds pour la Centrafrique s’est tenue le 26 octobre, à Bruxelles. Bangui poursuit par ailleurs ses discussions avec le FMI en vue de franchir une étape importante du processus d’annulation de sa dette extérieure (le « point de décision »), qui s’élève à 1,1 milliard de dollars. Plus de 90 % de cette somme pourrait être annulée en décembre 2009. Reste à mener les réformes économiques à leur terme. C’est la mission confiée à Faustin-Archange Touadéra, 51 ans, professeur de mathématiques et recteur de l’université de Bangui depuis 2004. Cet « illustre inconnu » sur la scène politique a été nommé le 22 janvier au poste de Premier ministre, en pleine crise sociale. Confronté aux revendications de l’opposition, des mouvements rebelles et de la société civile, le chef de l’État compte sur le « dialogue politique inclusif » pour calmer le jeu.

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