Réductions de dettes en série

Publié le 27 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

L’année 2007 restera longtemps gravée dans la mémoire des députés santoméens. Le pays ayant atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), les parlementaires ont pu saluer par un tonnerre d’applaudissements, le 16 mars, l’annulation de la majeure partie (91 %) de la dette extérieure de São Tomé envers les bailleurs de fonds multilatéraux (FMI, Banque mondiale et Banque africaine de développement), soit environ 350 millions de dollars. Deux mois plus tard, c’était au tour du Club de Paris d’annuler la quasi-totalité de la dette bilatérale du pays (24 millions de dollars).

Ces événements apportent une bouffée d’oxygène au petit archipel lusophone, tributaire à 75 % de l’aide internationale. L’ère pétrolière tant attendue n’a pour l’instant apporté que des déboires. Aucune goutte de brut commercialisable n’a encore jailli des blocs offshore, et l’américain Chevron a jeté l’éponge alors que la chinoise Sinopec entame des prospections en 2008. Mais l’industrie pétrolière est déjà soupçonnée d’avoir semé la corruption dans l’administration du président Fradique de Menezes, du Mouvement démocratique des forces du changement (MDFM). En 2005, un rapport du ministère de la Justice avait conclu que le processus d’appel d’offres dans l’adjudication des blocs offshore, en particulier dans la zone d’exploitation conjointe avec le Nigeria, « était manipulé et sujet à de sérieuses défaillances procédurales ». Cette suspicion s’était encore renforcée après la perquisition, en 2006, des bureaux américains d’une société pétrolière nigériane opérant à São Tomé, ERHC.

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Dans cette atmosphère délétère, l’opposition s’organise. Le Mouvement de libération de São Tomé e Príncipe, ex-parti unique ayant subi une triple défaite historique en 2006, a élu en février 2007 un nouveau président, le très combatif Rafael Branco. De son côté, le gouvernement a réaffirmé en juillet 2007, sous la pression des ONG, sa volonté de mettre en œuvre « le plus tôt possible » l’Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI), à laquelle l’archipel participe théoriquement depuis 2002 mais dont l’application se fait toujours attendre.

Autre source de désagrément pour la faible majorité du MDFM, l’instabilité due aux forces de sécurité, lesquelles n’hésitent pas à exprimer leur mécontentement de manière spectaculaire, même si ces accès de mauvaise humeur sont rarement meurtriers, comme lors de la pseudo-tentative de coup d’État de juillet 2003. La révolte, en octobre 2007, de nombreux membres de la police d’intervention rapide, les ninjas, qui réclamaient à l’État des indemnités pour un stage effectué en Angola, est ainsi venue rappeler au gouvernement l’urgence d’une situation sociale qui se détériore.

Avec un PIB par habitant qui s’élève à 780 dollars en 2007, le pays se situe au 123e rang sur 177 du classement selon l’indice de développement humain du Pnud. La culture du cacao représente 90 % des exportations, avec quelque 4 000 tonnes par an seulement. Le déficit de la balance commerciale est chronique et le pays reste dépendant des importations pour s’approvisionner, ce qui le place à la merci du risque inflationniste : + 21,4 % en 2007. Autant de problèmes qu’une mauvaise gestion de la rente pétrolière viendrait, à coup sûr, aggraver.

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