Crise institutionnelle et insécurité

Publié le 26 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Après la conclusion d’un accord de cessez-le-feu avec les rebelles du Palipehutu-FNL (Parti pour la libération du peuple hutu-Forces nationales de libération), le 7 septembre 2006, la communauté internationale semblait disposée à aider le pays à sortir de la crise qui le mine depuis quatorze ans. Le 25 mai 2007, les bailleurs de fonds ont ainsi promis une aide de 655,6 millions de dollars à Bujumbura pour soutenir un programme triennal de lutte contre la pauvreté. Alors que la guerre civile a fait plus de 300 000 morts, le Burundi est le 3e pays le plus pauvre de la planète, selon la Banque mondiale.

Mais les promesses de dons ne pourront se concrétiser qu’après la signature d’un accord de paix définitif entre les autorités et les rebelles du FNL. Or, les représentants de la rébellion qui se trouvaient à Bujumbura dans le cadre du processus de paix ont tous repris le maquis le 24 juillet 2007, faisant craindre un nouveau conflit. Les forces des FNL restent toutefois hétérogènes : des affrontements ont ainsi opposé deux factions rebelles dans un quartier de Bujumbura, le 4 septembre. C’était la première fois depuis deux ans que des combats se produisaient dans la capitale. Alors que la circulation nocturne autour de Bujumbura avait été de nouveau autorisée en 2006, l’armée a annoncé mi-novembre l’interdiction de tout déplacement entre 18 heures et 7 heures, en raison d’une insécurité croissante.

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Tandis que le climat ne cessait de se détériorer, une grave crise institutionnelle a achevé de fragiliser le pays. Elle a éclaté en mars 2007 après l’éviction de Hussein Radjabu, ex-patron du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Son arrestation a provoqué la dissidence d’une vingtaine de députés du CNDD-FDD qui ont fait perdre au chef de l’État sa majorité à l’Assemblée nationale. Profitant de cet affaiblissement, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), la deuxième force politique du pays, a décidé d’en découdre avec le gouvernement. Les élus du Frodebu, tout comme les dissidents du CNDD-FDD, ont déserté l’Assemblée nationale, qui s’est trouvée paralysée faute de quorum, faisant peser la menace d’une destitution du président Nkurunziza, élu par le Parlement.

Mais le 26 juin, les députés ont fini par rejoindre les bancs de l’Assemblée, sans pour autant tirer un trait sur leurs griefs à l’encontre du chef de l’État. Le 27, celui-ci recevait les présidents du CNDD-FDD, du Frodebu et de l’Uprona (Union pour le progrès national) pour évoquer les modalités d’un remaniement ministériel. Et procédait, le 13 juillet, à un changement d’équipe très attendu.

À peine remanié, le nouveau cabinet a néanmoins été contesté par le Frodebu et l’Uprona, qui reprochaient au chef de l’État d’avoir nommé des personnes qu’ils n’avaient pas choisies. La tension est encore montée d’un cran après la tentative d’arrestation, le 22 août, de Pancrace Cimpaye, porte-parole du Frodebu, pour « offense au chef de l’État ». Finalement, le 15 novembre, le gouvernement a été de nouveau remanié sur une base consensuelle, la nouvelle équipe incluant des membres du Frodebu et de l’Uprona. Mais cette union reste fragile. Quant à la conjoncture économique, elle est catastrophique : la production de café, seule culture d’exportation, a chuté à 10 000 tonnes en 2007, contre 36 000 tonnes l’année précédente. La malnutrition augmente et l’inflation rend les produits de première nécessité inaccessibles.

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