Transition réussie

Publié le 26 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Une victoire émaillée de violences, notamment autour des bureaux de vote, mais une victoire tout de même. En remportant le second tour de la présidentielle du 8 septembre 2007, avec 54,6 % des voix contre 45,4 % à Solomon Berewa, ancien vice-président et candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), l’opposant Ernest Bai Koroma, du Congrès de tout le peuple (APC), a confirmé la réussite de la transition politique portée depuis 1996 par le président Ahmad Tejan Kabbah. Une victoire d’autant plus nette que l’APC a également remporté la majorité lors des élections législatives organisées à la même date. « C’est une aube nouvelle avec des opportunités illimitées », a souligné le nouveau chef de l’État, 55 ans, courtier en assurances de son métier, lors de son investiture en novembre 2007.

Ses priorités ? La lutte contre la corruption, l’emploi des jeunes mais aussi le renforcement des politiques énergétique et minière. Tandis que les secteurs du diamant et du rutile, dont le pays possède les plus importants gisements au monde, ont été relancés, l’électricité est progressivement revenue dans la capitale, Freetown, grâce à un contrat négocié avec la firme belge Global Trading Group sur financement de la Banque mondiale. Koroma entend également reprendre le dossier crucial du barrage de Bumbuna. Commencée il y a trente ans et interrompue par la guerre civile, la construction de la centrale hydroélectrique de Bumbuna pourrait s’achever à la fin de 2009. La Sierra Leone disposerait alors d’une source d’électricité fiable capable d’alimenter le pays mais aussi de fournir de l’électricité à ses deux voisins, la Guinée et le Liberia.

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Sur le plan macroéconomique, la Sierra Leone continue d’assainir ses comptes extérieurs sur fond d’annulation de la dette et du soutien de la communauté internationale. L’aide publique au développement (APD), qui se monte à 67,40 dollars par habitant, représentait 33,4 % du PIB en 2006, soit le double de l’aide reçue en moyenne par les autres pays les moins avancés (PMA). La Sierra Leone a par ailleurs atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) en décembre 2006 : 675,2 millions de dollars de dette, dont 240 millions dus aux créanciers bilatéraux du Club de Paris, ont ainsi été annulés. Une réduction supplémentaire de 556,2 millions dans le cadre de l’Initiative pour l’allégement de la dette multilatérale (IADM) a ramené la dette du pays à 110 millions de dollars. Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’ensemble de ces opérations se traduit par une économie annuelle d’environ 90 millions de dollars, qui étaient auparavant consacrés au service de la dette.

La politique économique du président Koroma pourra aussi s’appuyer sur le programme en cours avec le FMI, dans le cadre d’une Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) qui doit s’achever en 2008. Mais si la croissance soutenue de ces dernières années s’est confirmée en 2007 avec un taux de 7,4 %, grâce notamment aux performances des secteurs de l’agriculture, de l’élevage et des mines, le pays ne parvient toujours pas à décoller et reste bon dernier dans le classement annuel du développement humain publié par le Pnud. La corruption demeure élevée et plus de 70 % des 5,6 millions de Sierra-Léonais vivent en dessous du seuil de pauvreté, notamment au sein de la jeunesse urbaine, souvent désœuvrée. Une fragilité qui menace la stabilité même du pays et compromet toute velléité d’investissement privé.

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