Lutte contre la corruption
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Dans son discours d’investiture, Umaru Yar’Adua, réputé pour son honnêteté et la sobriété de son mode de vie, promet à ses compatriotes qu’il sera un chef « au service de l’État », insistant à plusieurs reprises sur l’importance que revêt, à ses yeux, la justice. Mais rapidement, son auréole pâlit. Le 27 décembre, un coup de théâtre qui a tout de la manœuvre politique laisse penser que le nouveau président est tombé dans le marigot… Le patron de la police fédérale du Nigeria, Mike Okiro, annonce son intention de relever de ses fonctions Nuhu Ribadu, directeur général de la Commission de lutte contre le crime économique et financier (EFCC). Motif : le gendarme anti-corruption, nommé en 2003 à la tête de cette structure créée la même année par Olusegun Obasanjo et présentée comme la planche de salut du Nigeria, a besoin de suivre une formation au management d’une durée d’un an au sein du National Institute for Political and Strategic Studies. Un « exercice de routine », selon les termes de Mike Okiro. Le 1er janvier, le chef de l’État, théoriquement le seul habilité à prendre une telle décision, donne son accord.
Pour les ONG Transparency International et Human Rights Watch, comme pour le prix Nobel de littérature Wole Soyinka, il n’y a aucun doute : en limogeant Ribadu, Yar’Adua a cherché à écarter un adversaire. Le 12 décembre, l’EFCC avait en effet arrêté James Ibori, ancien gouverneur de l’État pétrolier du Delta, qui doit répondre de 103 chefs d’accusation en matière de corruption et de blanchiment d’argent essentiellement. Réputé proche de Yar’Adua, Ibori aurait participé au financement de la campagne électorale de ce dernier.
Si elle redorait son blason depuis l’élection de l’actuel chef de l’État, l’EFCC n’a toutefois pas toujours été un havre d’honnêteté : à l’approche de la présidentielle, Obasanjo l’a largement utilisée pour éliminer ses adversaires politiques et favoriser l’élection de son dauphin, Yar’Adua. L’élève a imité le maître.
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