Bouffée d’oxygène

Publié le 25 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

La présidente vole de victoire en victoire. Depuis son élection à la tête du pays, en novembre 2005, Ellen Johnson-Sirleaf a pris la responsabilité de demander au Nigeria l’extradition de l’ancien président et chef de guerre Charles Taylor, déféré depuis devant le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone, et elle a obtenu en un temps record la réintégration du Liberia dans la communauté internationale.

2007 aura été emblématique à cet égard. Aidé par une mobilisation de la société civile internationale, le FMI a convaincu ses membres de débourser 842 millions de dollars (575 millions d’euros) pour apurer les arriérés de paiements du pays. Annoncée en novembre 2007, cette régularisation de la situation du Liberia ouvre la voie à son adhésion à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). L’objectif étant l’annulation totale de la dette extérieure, qui s’élève à 3,7 milliards de dollars, dont 1,5 milliard pour le seul volet multilatéral.

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En avril dernier, les Nations unies – suivies par l’UE en juin – ont par ailleurs levé une lourde hypothèque sur la relance économique en supprimant l’embargo imposé depuis 2003 sur le commerce de diamants, dont le Liberia est un important producteur. La république créée en 1847 par d’anciens esclaves affranchis venus des États-Unis a ainsi pu adhérer au processus de Kimberley. Institué en 2002 par l’ONU, ce processus regroupant 44 pays permet l’exportation en toute légalité des pierres précieuses grâce à un meilleur contrôle sur leur origine et les conditions de leur exploitation. Un an après la levée de l’embargo qui pesait sur les exportations de bois, cette décision, prioritaire pour le chef de l’État, permet de libérer les échanges sur deux produits de rente à forte valeur ajoutée. L’argent tiré de ce commerce est essentiel pour renouer avec une croissance forte (9,4 % en 2007 et 7,8 % en 2006) et reconstruire les infrastructures mises à mal par la guerre.

Parmi les tâches prioritaires, la reconstruction de la capitale Monrovia, forte de 1,5 million d’habitants, est bien engagée. La réfection des réseaux d’électricité et d’eau potable a débuté grâce à un programme d’urgence piloté par la Banque mondiale et doté de 7,2 millions de dollars, débloqués en avril 2007. Les premières recherches pétrolières ont par ailleurs commencé suite au premier appel d’offres lancé depuis la fin de la guerre, qui concerne 17 blocs situés dans l’offshore. Enfin, la refondation de l’armée et de la gendarmerie nationale, autre priorité de la présidente Johnson-Sirleaf, bénéficie du soutien des États-Unis.

Mais ces programmes de relance et la bouffée d’oxygène que représente l’allègement de la dette ne libèrent pas totalement le pays de ses vieux démons. Après quatorze ans d’une guerre (1989-2003) qui a fait plus de 250 000 morts, le Liberia connaît toujours, comme son voisin sierra-léonais, un niveau élevé de corruption ainsi qu’une explosion du chômage chez les jeunes, parmi lesquels figurent un grand nombre d’anciens combattants. Dans un rapport publié en mai 2007, la Mission des Nations unies au Liberia (Minul) a d’ailleurs tiré le signal d’alarme à propos de la situation des droits de l’homme et de l’état de déliquescence de certains secteurs, à commencer par celui de la justice.

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