Coris Bank repart à l’assaut de la région
Son échec au Niger n’a pas entamé les ambitions de l’établissement burkinabè, qui ouvre un bureau à Abidjan. Le premier d’une longue série, assure son PDG.
Idrissa Nassa n’a pas dit son dernier mot. L’échec de Coris Bank International au Niger n’a pas mis en sommeil ses velléités d’expansion dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’établissement avait racheté 35 % de BIA-Niger à la Belgolaise (groupe BNP Paribas) en 2011, mais ses difficultés avec les autres actionnaires l’avaient conduit à revendre ses parts à la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep) en avril 2012 – pour un montant confidentiel, mais avec « une plus-value », indique Idrissa Nassa. « Je n’étais pas l’actionnaire majoritaire, je n’avais pas les mains libres, précise le PDG de Coris Bank, mais nous reviendrons. »
PME
En attendant cette contre-attaque, le fondateur et actionnaire majoritaire (avec plus de 50 %) de la deuxième banque burkinabè (derrière Ecobank) a ouvert une filiale à Abidjan. Marché très concurrentiel, avec vingt-trois établissements, la Côte d’Ivoire n’est pas un territoire totalement inconnu pour Coris. Depuis Ouagadougou, la banque y pilote déjà le financement d’entreprises, dont la Société ivoirienne de raffinage (SIR). Ces opérations seront désormais gérées par le bureau abidjanais. Coris, qui a assis son succès sur le financement des PME, pourrait également profiter de la conjoncture particulière du pays. « Nous sommes en pleine reconstruction. Beaucoup de PME auront besoin de se financer », souligne Serge Yves Kouamelan, directeur exécutif de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI).
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Confiée à Ousmane Sana, auparavant directeur général adjoint de Coris Bank et ancien cadre d’Ecobank, la filiale ivoirienne a déjà recruté une trentaine de personnes pour dérouler sa stratégie et son plan de communication. Journaux, télé, radio… Si le budget consacré à son image n’est pas dévoilé, l’objectif est clair : outre les PME, Coris entend séduire les salariés ivoiriens du public comme du privé. Et, afin d’y parvenir, plusieurs agences viendront rapidement étoffer le maillage territorial : « Nous sommes aussi une banque de détail, explique le patron. C’est la raison pour laquelle nous ouvrirons d’autres agences à Abidjan mais aussi à San Pedro, Yamoussoukro… Notre ambition est de reproduire notre succès burkinabè. »
Il faut dire que le jeune établissement, fondé en 2008 et qui emploie quelque 300 salariés, bénéficie d’une période favorable à son expansion. Avec un total des dépôts de 250 milliards de F CFA (381,1 millions d’euros) et un total des crédits consentis de 220 milliards de F CFA à la fin 2012, Coris Bank a affiché en moyenne une croissance insolente de 34 % l’an passé. « Nous pensons maintenir le même rythme d’activité en 2013. Peut-être pas, cependant, avec le même niveau de croissance », estime Idrissa Nassa, réaliste, face aux investissements qu’il devra consentir pour conquérir le marché ivoirien.
Cofinancement
Mais pour financer ses ambitions, il peut compter sur un actionnaire de poids. Entrée au capital à hauteur de 8 % à la fin de 2012 en injectant 2 milliards de F CFA, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a déjà octroyé 10 milliards de F CFA à Coris pour le financement de PME burkinabè en 2013. Idrissa Nassa explique : « La BOAD nous accompagne et nous offre des opportunités de cofinancement sur de gros projets. Nous pouvons aussi, de notre côté, nous permettre de partir sur d’importantes opérations, comme le financement de la prochaine campagne de coton de la Sofitex [Société burkinabè des fibres textiles, NDLR], qui représentera entre 10 et 20 milliards de F CFA. »
Assurances
Le groupe peut aussi compter sur le développement de ses autres activités, parmi lesquelles la gestion et l’intermédiation avec Coris Bourse, dont le portefeuille consolidé a atteint 82 milliards de F CFA en 2012. Elle intervient auprès des PME, des entreprises d’État ou des États eux-mêmes lors d’émissions obligataires, sur le marché local ou à travers la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). L’année 2013 commence d’ailleurs sous de bons auspices : Coris Bourse vient de boucler une levée de fonds sur le marché local de 38 milliards de F CFA pour le compte de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (Sonabhy). Banques, entreprises et institutionnels burkinabè ont ainsi contribué à financer le fonds de roulement de l’entreprise, dont la mission principale est d’approvisionner le pays en hydrocarbures.
Enfin, l’établissement développe la bancassurance à travers Coris Assurances. Principalement concentrée sur le marché incendie, accidents et risques divers (IARD), la branche a atteint un portefeuille de 2 milliards de F CFA l’an passé. Cette offre ne sera pas pour l’instant proposée en Côte d’Ivoire, l’ambition régionale de Coris se limitant actuellement à la banque.
« D’ici au second semestre, nous allons étudier de nouveau notre venue sur le marché nigérien, avec l’ouverture d’une filiale en 2014 », commence Idrissa Nassa. Et de poursuivre : « Tous les marchés de l’UEMOA nous intéressent, mais disons qu’en dehors du Niger nous regardons surtout le Togo et le Bénin. » Pas de calendrier, mais une volonté ferme de devenir un groupe régional de référence. « Nous ne souhaitons pas planter des drapeaux par principe mais analyser et travailler chacun de nos marchés, ajoute-t-il. C’est en restant nous-mêmes que nous réussirons. »
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