Marathon électoral à hauts risques

Publié le 25 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Un nouveau narco-État. Tel est le constat alarmant dressé par les Nations unies. L’ancienne colonie portugaise se transforme progressivement en plaque tournante des trafics de drogue en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe. Une situation d’autant plus grave qu’elle menace la stabilité du gouvernement mais aussi, plus globalement, les libertés publiques, les narcotrafiquants n’hésitant pas à s’en prendre aux journalistes qui enquêteraient de trop près sur leurs activités, ni à infiltrer les ministères et les administrations.

Sur fond d’instabilité politique chronique, cette criminalisation ne cesse de croître alors que l’État peine de plus en plus à tenir son rôle. Pour ne rien arranger, la production de noix de cajou, première recette à l’exportation, décline. Elle a atteint 96 000 tonnes en 2007, contre 106 000 tonnes un an auparavant. Une baisse qui s’explique en partie par le maintien d’un prix rémunérateur fort pour les agriculteurs, qui a dissuadé les principaux traders, en particulier les Indiens, d’acheter les noix bissauguinéennes.

la suite après cette publicité

De fait, la croissance économique chute dangereusement : 2,5 % en 2007, contre 4,2 % en 2006. Avec un PIB de 343 millions de dollars en 2007, la Guinée-Bissau demeure le plus fragile des États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qu’elle a intégrée en 1997. L’avenir et le dynamisme de l’économie sont plus que jamais suspendus aux concours extérieurs, qui viennent principalement de l’Union européenne mais aussi de la Chine. Intéressé par les noix et les produits de la pêche, l’empire du Milieu a prêté 60 millions de dollars pour financer la campagne 2008, ainsi que 4 millions pour des projets d’infrastructures. Un nouvel accord de pêche d’une durée de quatre ans a par ailleurs été signé en mai 2007 avec l’Union européenne.

Reste que les remous politiques auxquels le pays est confronté depuis plusieurs années n’ont pas faibli. Élu en 2005 sans étiquette, le président João Bernardo Vieira a bien du mal à obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. En mars 2007, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), le Parti de la rénovation sociale (PRS) de l’ancien président Kumba Yala (2000-2003) et le Parti uni social-démocrate (PUSD) de l’ex-Premier ministre Francisco Fadul, les trois principales formations du pays, qui comptent à elles seules 97 des 100 députés de l’Assemblée nationale, ont voté une motion de censure contre le gouvernement d’Aristide Gomes, dont ils contestaient la légitimité et la gestion, notamment son incapacité à régler la question des arriérés de salaires des fonctionnaires.

Un nouveau gouvernement a été nommé un mois plus tard avec, à sa tête, l’ancien ministre de la Défense, Martinho NDafa Kabi (PAIGC). Mais déjà, les premières difficultés s’amoncellent. NDafa Kabi a été convoqué en décembre dernier par la commission de vérification contre l’enrichissement illicite. Motif ? Des vacances de luxe qui auraient été payées par l’État. Son prédécesseur avait pour sa part été entendu dans le cadre d’une affaire portant sur la disparition, en septembre 2006, de 674 kilos de cocaïne saisis par la police. Finalement découplées, les législatives de la fin de 2008 et la présidentielle de 2009 devraient offrir à l’opposition de nouvelles occasions de s’illustrer, tandis que prospèrent les narcotrafiquants.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires