Espoirs et limites du consensus

Publié le 25 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Un an jour pour jour après les événements de janvier 2007, qui avaient fait près de 150 morts et des centaines de blessés au terme d’un mouvement de grève générale sans précédent dans l’histoire du pays, la tension sociale était de nouveau à son comble à Conakry, augurant d’une année difficile pour le gouvernement du Premier ministre Lansana Kouyaté.

Dès sa prise de fonctions, celui-ci avait pourtant annoncé une série de mesures destinées à rendre plus transparente la gestion des affaires publiques et à éradiquer les pratiques de corruption au sein de la classe dirigeante : réalisation d’audits dans le secteur public et parapublic et, surtout, lancement de la révision des conventions passées avec les opérateurs du secteur minier, qui représente 25 % du budget de l’État et 16 % du PIB. Celles-ci concernent notamment l’extraction de la bauxite, mais aussi celle du fer. Le projet Euronimba, soutenu par BHP-Billiton, vise à extraire le minerai de fer qui affleure au mont Nimba, où quatre gisements importants ont été identifiés (350 millions de tonnes de réserves prouvées). Parallèlement, un second projet, piloté par Rio Tinto Alcan, consiste à exploiter le fer des mines du mont Simandou.

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Fin décembre, la Guinée est parvenue à obtenir du FMI un nouveau programme formel après une longue traversée du désert. Les résultats rapidement obtenus par la nouvelle équipe de la Banque centrale en matière de lutte contre l’inflation, de reconstitution des réserves de change et de respect des autres critères du FMI ont été déterminants.

Mais les Guinéens s’impatientent et se plaignent de ne pas constater les effets de ces mesures sur leur quotidien. Le gouvernement « de consensus » de Kouyaté commence à essuyer de vives critiques au vu de la poursuite de la dégradation de la situation économique : prix des denrées de première nécessité trop élevés, dévaluation continue de la monnaie, taux de chômage accru chez les jeunes… Une situation que la population interprète comme un non-respect des promesses faites, en janvier 2007, lors de la signature du protocole d’accord entre gouvernement, syndicats grévistes et société civile.

Un décret présidentiel publié le 3 janvier 2008 a mis le feu aux poudres : Julien Morel Junior, ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies de l’information et porte-parole du gouvernement, était limogé. Ce décret a été perçu comme un véritable affront fait à la population et au Premier ministre. D’autant que ce membre important de l’équipe de Lansana Kouyaté s’est vu remplacé par un proche du chef de l’État, Issa Condé, l’ancien directeur de l’Agence de presse de Guinée, confirmant les craintes d’une reprise en main du gouvernement par Lansana Conté.

Des incidents ont aussitôt éclaté dans les banlieues de la capitale et, criant à la violation des accords conclus début 2007, les deux syndicats phare du pays, la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), sont montés au créneau et ont déposé un préavis de grève générale pour le 10 janvier.

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La grève a finalement été suspendue jusqu’au 31 mars, le gouvernement étant invité à prouver d’ici là à ses concitoyens que Lansana Conté, qui s’accroche à son fauteuil de chef d’État en dépit d’une santé de plus en plus précaire, n’intervient plus de quelque façon que ce soit dans la conduite des affaires publiques. Précisément l’exigence essentielle du mouvement de janvier 2007.

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