Entre pétrole et agro-industrie
Triomphalement élu en 2006, le président Yayi Boni n’a obtenu qu’une majorité relative aux élections législatives du 31 mars 2007. Ses alliés de Force Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), coalition d’une vingtaine de partis, ont remporté 35 sièges sur les 83 que compte l’Assemblée nationale. Le principal parti de l’opposition, l’Alliance pour une dynamique démocratique (ADD), dans lequel figure la Renaissance du Bénin (RB) de l’ancien président Nicéphore Soglo, a recueilli 20 sièges. Le Parti du renouveau démocratique (PRD) de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji – en lice pour ce scrutin –, en a remporté 10.
Une fragile majorité, donc, qui ne donne pas à l’ancien président de la Banque ouest-africaine de développement la marge de manœuvre dont il aurait besoin pour insuffler un nouveau dynamisme et faire radicalement changer les comportements dans un pays miné depuis des décennies par la corruption, phénomène dont l’ampleur empêche tout décollage économique. En 2007, le classement selon l’indice du développement humain du Pnud situait le Bénin à la 163e place sur 177. Le Togo voisin, pourtant privé d’aide internationale durant plus de douze ans, était au 152e rang. Le rapport Doing Business de la Banque mondiale sur l’environnement des affaires dresse le même constat. Et Yayi Boni de stigmatiser à la fois les « pilleurs du Bénin » et la gestion de son prédécesseur, Mathieu Kérékou.
En juillet dernier, pour donner l’exemple, l’ex-banquier est allé jusqu’à organiser une marche « pacifique de protestation » de dix kilomètres avec son gouvernement dans les rues de la capitale économique, Cotonou. Il a également demandé la levée de l’immunité de deux parlementaires rattachés à sa mouvance. Anciens dirigeants de la Société béninoise d’eau et d’électricité, ces derniers ont été convaincus de « détournements de fonds ». Mais les symboles pèsent peu face à la réalité. Selon un rapport de l’Inspection générale d’État, rendu public en novembre 2007, la corruption fait perdre au pays 50 milliards de F CFA (76 millions d’euros) chaque mois. Toujours sous programme avec le Fonds monétaire international à travers une Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) d’un montant de 10 millions de dollars – qui s’achèvera en 2008 –, le Bénin peine à engager les réformes qui permettraient d’atteindre un niveau de croissance à la hauteur de son potentiel. En 2007 encore, la progression de l’économie n’a pas dépassé les 4 %.
Le gouvernement, qui table sur une hausse du PIB de 6,8 % en 2008 et de 8 % au cours des prochaines années, attend beaucoup de l’entrée en exploitation de plusieurs champs pétrolifères ainsi que du secteur agro-industriel. Troisième producteur de coton au sud du Sahara derrière le Burkina et le Mali, le Bénin estime la récolte 2007-2008 à 300 000 tonnes de coton-graines, en hausse de 20 % par rapport à la campagne précédente. Après avoir réglé en 2006 trois années d’arriérés de salaires aux producteurs, soit 10 milliards de F CFA (23 millions d’euros), le chef de l’État continue de soutenir une filière vitale malgré la fermeture des dernières usines textiles. La production attendue reste toutefois en deçà des 585 000 tonnes de capacité installée. Quant aux sérieux problèmes rencontrés par la Communauté électrique du Bénin, plusieurs projets d’interconnexions avec le Nigeria et le Togo lancés en 2007 permettront à terme de réduire les délestages.
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