Wikileaks : la zone industrielle que le Sénégal n’a jamais eue

L’ancien président Senghor voulait créer une raffinerie d’une capacité de 20 millions de tonnes et un complexe chimique à Kayar avec des capitaux iraniens, nigérians et américains.

Kayar, sa plage, ses pêcheurs… sa raffinerie. DR

Kayar, sa plage, ses pêcheurs… sa raffinerie. DR

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 9 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Le président sénégalais Léopold Sédar Senghor avait pour projet de créer une raffinerie d’une capacité de 20 millions de tonnes à 50 km au nord de Dakar, à Kayar. Le projet s’accompagnait d’un complexe chimique connecté au site de production de phosphate d’At Taïba qui, au global, aurait créé 2 000 emplois. Cette information, jusque-là restée confidentielle, est ressortie des câbles diplomatiques échangés entre l’administration américaine et des diplomates en 1973. Les « Kissinger Cables », du nom du secrétaire d’État américain de l’époque, dévoilés aujourd’hui par le célèbre site de Julian Assange, Wikileaks, sont la publication la plus importante du site depuis sa création avec 1,3 million de câbles diplomatiques, 320 000 documents classés secret défense, 205 901 documents (correspondances, notes, etc.)

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Brut iranien, huile nigériane

Représenté par son Premier ministre de l’époque, Abdou Diouf, le président sénégalais avait même déjà identifié les partenaires de ce projet gigantesque (la raffinerie actuelle, la Société africaine de raffinage, SAR, a une capacité d’1,2 million de tonnes par an) : il y aurait eu un homme d’affaires du nom de Sol Linowitz de la société américaine Coudert Brothers ; General Maritime (US) ; Maritime Fruit Corporation (Israël / US) ; les gouvernements sénégalais, iranien et nigérian. Sur ce dernier point, le câble précise : « La majeure partie des intérêts seraient américains, l’Iran et le Nigeria auraient 10% chacun, de manière à sécuriser les approvisionnements de la raffinerie. » Ainsi, le complexe aurait été alimenté aux deux tiers par du brut iranien et à un tiers par de l’huile nigériane.

Selon l’officiel américain, alors qu’il abordait la question environnementale, Abdou Diouf aurait minimisé l’impact et expliqué que c’était le cadet des soucis du gouvernement face au besoin désespéré du pays de trouver de nouvelles sources de développement… Si le diplomate propose d’attendre un peu avant de donner sa réponse, il dit aussi que le projet pourrait être une bonne chose pour les industriels américains, en cette période de crise économique.
 

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