Succès médiatique, galère commerciale
Publié le 24 novembre 2008 Lecture : 1 minute.
Il est difficile de trouver des chiffres fiables sur les ventes de coupé-décalé en Afrique. Peu diserts sur leurs bénéfices, producteurs, managers, distributeurs et bureaux des droits d’auteurs s’accordent pour dire que le succès du mouvement n’est que de façade. Pour Claude Bassolé, de la maison Showbiz, « le succès commercial ne suit pas le succès médiatique, à la différence des musiques venues de la RD Congo. À chaque sortie, nos meilleurs scores tournent autour de 200 000 albums vendus sur le territoire ivoirien. Cela ne concerne que les grands groupes comme Magic System, Espoir 2000, Yodé et Siro, donc des chanteurs de zouglou. »
Pour le coupé-décalé, c’est très différent. « Les DJ n’ont qu’un titre à vendre. Même si ce titre est apprécié, cela ne suffit pas pour convaincre les mélomanes d’acheter le CD ou même une cassette. Malgré les efforts de promotion, la plupart des DJ vendent à peine 5 000 exemplaires », confie-t-il. Seule source de revenus, les concerts, qu’ils enchaînent à un rythme infernal, tant en Afrique qu’en Europe ou aux États-Unis, mais toujours pour des cachets dérisoires. Les quatre DJ de la Dream Team touchent à peine 500 000 F CFA (762 euros) pour des spectacles de grande envergure.
Ceux qui se frottent les mains sont les pirates, qui ont trouvé l’astuce pour exploiter au mieux la manne du coupé-décalé : les compilations, vendues à 1 000 F CFA (1,50 euro), parfois moins, reprennent les tubes du moment en faisant au passage un pied de nez aux distributeurs, qui n’osent pas s’aventurer sur ce créneau : « Ce serait difficile pour nous de soutenir la concurrence, explique Claude Bassolé, et nous ne pourrions pas vendre en dessous de 3 000 F CFA (4,50 euros). C’est à contrecœur que nous délaissons cette part du marché ainsi que les ventes à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. »
