Michel Kazatchkine
Directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose
Quel bilan dressez-vous de l’année écoulée ?
Michel Kazatchkine : Un bilan positif. Dans les domaines du sida, du paludisme et de la tuberculose, nous avons augmenté de 80 % à 100 % les résultats de nos interventions par rapport au 1er décembre 2006. Concernant les antirétroviraux, 1,4 million de personnes sont traitées avec le soutien du Fonds à la fin 2007, soit une augmentation de 80 % en un an. Nous sommes à 3,3 millions de cas de tuberculose traités, ce qui représente aussi une progression de 80 %. Concernant le nombre de moustiquaires imprégnées distribuées, nous atteignons 46 millions, ce qui représente 150 % d’augmentation par rapport à 2006. La croissance de nos interventions est très rapide.Nous avons décidé d’engager 1,2 milliard de dollars sur les deux prochaines années pour les nouveaux programmes. L’autre point positif est que nous couvrons actuellement 99 % des pays éligibles au Fonds, c’est-à-dire des pays en développement ou à revenu intermédiaires.
Quels sont les défis que le Fonds doit relever ?
Le Fonds a désormais cinq ans, ce qui signifie que certains des premiers programmes financés arrivent à leur terme. Leur poursuite passe par la soumission de nouvelles requêtes, qui parfois échouent, mettant alors en danger la poursuite des soins ou des traitements. Repenser l’architecture des procédures d’attribution des fonds est l’une de nos préoccupations, afin de nous assurer qu’en aucun cas nos systèmes de financement puissent exposer les programmes des pays à une discontinuité. Nous sommes également confrontés à un débat qui se résume ainsi : devons-nous continuer à travailler avec des grands fonds qui financent la lutte contre les maladies, ou devons-nous financer les systèmes de santé. Je pense qu’il ne faut pas privilégier une option au détriment de l’autre : si vous vous situez en Afrique subsaharienne, où le sida représente l’essentiel des hospitalisations et le paludisme la majorité des consultations, améliorer la prise en charge de ces pathologies revient à améliorer le système de santé. Notamment parce que nous finançons des personnels et des infrastructures.
Quelle est la santé financière du Fonds mondial ?
Pour la période de 2008 à 2010, le Fonds est assuré de disposer de 12 milliards de dollars. Le défi est d’avoir des demandes des pays qui soient ambitieuses. La demande qui arrive au Fonds, pour être crédible, doit porter sur quelque chose de faisable. C’est très complexe. Les demandes dépendent de l’ambition politique d’un pays à vouloir traiter les patients, de la qualité de son système de santé mais aussi de l’appui possible de la société civile ainsi que de la maturité de sa stratégie nationale.
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