L’Afrique de l’Est déstabilisée
Liberia, Congo, Sierra Leone, Côte d’Ivoire… Après la série de guerres civiles qui ont ravagé l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, c’est désormais la partie orientale du continent qui est touchée par l’instabilité. Dans la Corne de l’Afrique, la Somalie est en situation de guerre civile depuis 1991, et rien ne semble pouvoir changer la donne à court terme. La capitale, Mogadiscio, est le théâtre d’attaques meurtrières récurrentes depuis la débâcle des islamistes. Ceux-ci ont perdu les régions qu’ils contrôlaient dans le sud et le centre du pays lors de l’offensive des forces éthiopiennes venues soutenir le gouvernement de transition somalien, en décembre 2006 et janvier 2007.
Dans la région des Grands Lacs, le gouvernement du Burundi et les rebelles du FNL (Forces nationales de libération) ont repris les discussions le 16 mars 2008, à Dar es-Salaam, en Tanzanie, alors que l’application de l’accord de cessez-le-feu entre Bujumbura et les FNL est en panne depuis que les dirigeants rebelles ont repris le maquis, en juillet 2007. Pour sa part, le Rwanda n’est pas encore débarrassé des rebelles des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui utilisent les provinces congolaises des deux Kivus comme sanctuaires. Quant à l’Ouganda, il peine à tourner la page des vingt ans de guerre contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Plus au nord, la guerre froide que se livrent les frères ennemis éthiopien et érythréen pour une bande de terre rocailleuse menace à tout instant de dégénérer.
Enfin, dernier venu dans la catégorie des « cancres », le Kenya vient de vivre une crise post-électorale qui a fragilisé le pays de manière inédite. Alors que Nairobi faisait figure de locomotive économique de l’Afrique de l’Est, les efforts destinés à dynamiser l’économie de la sous-région ont été réduits à néant par les affrontements intercommunautaires consécutifs à la contestation des résultats de la présidentielle du 27 décembre 2007 par Raila Odinga, chef de file du Mouvement démocratique orange.
Il convient également d’ajouter à ce panorama la persistance de foyers d’instabilité au Soudan, où la guerre civile au Darfour continue à faire des milliers de victimes et menace de se propager aux pays limitrophes. Pour tenter de circonscrire les dégâts, la force européenne Eufor a officiellement débuté son mandat d’un an le 17 mars 2008. Quelque 1 700 hommes ont été déployés au Tchad (dans l’Est et au QG logistique de N’Djamena) ainsi qu’à Birao, dans l’extrême nord-est de la Centrafrique, où quelque 220 soldats français déjà présents sont passés sous commandement de l’Eufor début mars. La force, qui disposera à terme de 3 700 hommes, dont 2 100 Français, a entamé son déploiement en janvier, avec plusieurs mois de retard dus aux laborieuses négociations au sein de l’UE sur les modalités de l’opération. Autorisée par la résolution 1778 adoptée le 25 septembre 2007 par le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Eufor doit notamment protéger dans ces régions les réfugiés soudanais du Darfour voisin, ainsi que les déplacés tchadiens et centrafricains, soit plus de 450 000 personnes au total.
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