Hydrocarbures en tête

Cette année encore, le palmarès économique des pays africains reste marqué par l’envolée des cours pétroliers et miniers.

Publié le 20 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Après une année d’envolée des cours du pétrole et d’euphorie sur les marchés des matières premières, les pays africains producteurs de brut ou de minerais tirent logiquement leur épingle du jeu dans notre classement 2008. Comme l’an passé, et bien que l’Afrique du Sud demeure de loin la première puissance du continent avec un produit intérieur brut (PIB) établi à 254 milliards de dollars, contre 240 milliards un an plus tôt, les pays dotés de ressources minérales ont connu un vrai dynamisme sur fond de record du brent, qui, en mars dernier, avait franchi la barre des 110 dollars. Même si l’engouement pour les matières premières comporte un caractère très spéculatif, la tendance haussière de ces dernières années explique en grande partie la robustesse de certaines économies, comme celles de la Libye, du Soudan, de l’Algérie, du Cameroun ou encore du Nigeria, tous exportateurs nets. Ces pays figurent en tête de notre classement, qui fait par ailleurs clairement ressortir les fondamentaux du continent, l’ensemble des pays de l’Afrique du Nord – à l’exception de la Libye – figurant dans le peloton de tête. Il faut attendre la 10e et la 11e place pour voir apparaître les premiers pays ouest-africains, en l’occurrence le Nigeria et, surtout, la Côte d’Ivoire, qui reste la locomotive économique de la sous-région malgré l’instabilité politique qui y règne depuis 1999. Plus globalement, l’Afrique se porte bien. La croissance affichée en 2007, qui s’est située à 6,5 %, niveau jamais atteint depuis des décennies, a également été tirée par les investissements et la production industrielle. Selon le Fonds monétaire international (FMI), « le renforcement des politiques macroéconomiques et les réformes structurelles mises en œuvre depuis des années ont commencé à porter leurs fruits. Par ailleurs, les conflits armés et les épisodes d’instabilité politique sont moins fréquents, ce qui a contribué à stimuler la croissance ». Toutefois, les disparités persistent.

LA SOMALIE EN QUEUE DE PELOTON

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À la situation vertueuse du Botswana, classé au 9e rang, s’opposent celles de pays ayant, le plus souvent, connu une guerre civile, à l’instar de la Somalie, de la Sierra Leone, du Liberia ou de la Guinée-Bissau, qui stagnent dans les toutes dernières places du classement. D’autres États remontent, en revanche, avec des progressions nettement plus marquées. Stimulé par l’activité industrielle, le Cameroun a gagné dix places. Premier producteur de cuivre africain, la Zambie en a gagné douze, et le Mali, neuf, grâce à sa production aurifère. D’autres pays comme le Malawi (+ 8) ou le Rwanda (+ 7) ont également amélioré leurs indicateurs. La solidité de l’économie ivoirienne se confirme elle aussi, avec un recul de seulement deux places par rapport à l’an dernier. D’autres facteurs ont contribué à l’amélioration de certaines positions. Parmi eux, la poursuite des processus d’annulation de la dette extérieure, dont ont bénéficié l’Algérie (qui en a payé une partie par anticipation), le Nigeria et le Cameroun. La Guinée équatoriale affiche sur ce point la meilleure performance : la première puissance économique d’Afrique centrale, qui a enregistré 21 % de croissance l’an passé, n’est pas endettée, ce qui lui permet de conserver son indépendance, contrairement aux gouvernements sous programme avec les institutions financières internationales. Quant aux grands pays agricoles, ils ont tiré leur épingle du jeu. C’est notamment le cas du Ghana, qui gagne quatre places.

RISQUES DE RÉCESSION ?

Malgré cette embellie, les risques qui continuent de peser sur la région pourraient bouleverser ce classement au cours de l’année 2008. Sensibles aux chocs exogènes, les pays africains pourraient pâtir du ralentissement annoncé de l’économie mondiale et du spectre d’une récession américaine, un scénario qui a déjà contraint le FMI à ramener ses perspectives de croissance à 4,1 %, contre 4,9 % auparavant. Les résultats dépendront également pour beaucoup de l’évolution de l’approvisionnement énergétique des pays africains et de leur capacité à contenir les délestages, d’une part, et de leur capacité à maîtriser l’envol des prix des produits non pétroliers, d’autre part. Au palmarès du produit intérieur brut, les logiques sont respectées. L’Afrique du Sud devance de très loin l’Algérie, qui arrive en deuxième position avec 114,7 milliards de dollars, suivie de près par le Nigeria, premier producteur de brut du continent avec 114,6 milliards de dollars, et l’Égypte (107 milliards de dollars). Derrière ces quatre pays, qui réalisent chacun un PIB supérieur à 100 milliards de dollars, viennent le Maroc et la Libye, où les richesses produites en 2007 ont dépassé les 50 milliards de dollars. Tous les autres sont en deçà de ce niveau. Enfin, si l’on dépasse le simple critère pétrolier, certaines économies continuent de bénéficier de la rente touristique. C’est notamment le cas de l’Égypte, mais aussi du Maroc, de la Tunisie, des Seychelles et de Maurice.

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