Europe – Afrique : immigration, comment éviter le naufrage ?
Le terrible bilan humain payés par les migrants au large de l’Europe – au moins 23 000 morts depuis 2000 – fera-t-il progresser les négociations entre les dirigeants européens et africains, réunis en sommet à Bruxelles les 2 et 3 avril ? Rien n’est moins sûr.
"Plus jamais ça", s’était écrié Dalia Grybauskaite, la présidente lituanienne, dont le pays assurait alors la présidence tournante de l’Union européenne (UE), quelques jours après la tragédie de Lampedusa qui avait coûté la vie à plus de 300 personnes en octobre 2013.
Deux semaines plus tard, une nouvelle catastrophe était évitée de justesse quand près de 700 migrants furent secourus dans le canal de Sicile, où, selon les autorités italiennes, il y a eu en 2011 "plus de morts que lors du naufrage du Titanic". Un sommet des chefs d’États européens plus tard, rien n’a vraiment changé. Les ministres concernés se contentent d’insister sur des notions de solidarité au sein d’une Union qui en montre bien peu, tiraillée entre les pays du nord de l’Europe, qui refusent de prendre leur part du fardeau, et ceux du Sud, placés en première ligne.
>> Lire aussi : en 3 jours, plus de 4 500 migrants débarquent en Sicile
Quant à l’épineuse question du droit d’asile, elle a été renvoyée à juin 2014, une fois passées les élections européennes : l’opinion publique doit être ménagée… Les membres de l’UE se heurtent également aux intérêts de leurs partenaires africains.
Déjà accusée par la DevCo, la branche de la Commission européenne chargée du développement et de la coopération, d’avoir "instrumentalisé Lampedusa pour dépeindre l’UE comme une forteresse aux portes closes", l’Afrique apparaît en effet peu encline à lutter contre une émigration irrégulière qui génère d’importants transferts de fonds. "Les Africains restent pour l’instant arc-boutés sur des questions d’accès à l’espace européen et d’obtention de visas, très éloignées des préoccupations européennes", explique Geert Laporte, chercheur au Centre européen de gestion des politiques de développement. Un véritable "dialogue de sourds", selon la DevCo, auquel même le drame de Lampedusa n’a pas mis fin.
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