Transition malienne : comment Diango Cissoko a supplanté Modibo Diarra

La démission forcée de Cheick Modibo Diarra de son poste de Premier ministre, sous la pression de la junte menée par Amadou Haya Sanogo, est encore dans toutes les mémoires au Mali. Retour sur cet épisode peu glorieux de l’histoire de la transition malienne.

Cheick Modibo Diarra et Diango Cissoko. © AFP/Montage J.A.

Cheick Modibo Diarra et Diango Cissoko. © AFP/Montage J.A.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 12 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Mali : renaître !
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Nommé Premier ministre le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diarra a d’abord formé un gouvernement réduit surtout composé de techniciens et de militaires. "Les partis ont alors organisé le blocage de l’exécutif. Quand ils ont finalement été intégrés, en août, leurs ministres faisaient toujours passer leur intérêt avant celui de la nation", regrette le frère et ancien conseiller spécial du Premier ministre, l’ex-vérificateur général Sidi Sosso Diarra. Pour ce dernier, l’une des principales erreurs du gouvernement a été d’accepter de travailler avec Diango Cissoko, d’abord médiateur entre la junte et le président de transition, Dioncounda Traoré, juste après son agression du 21 mai.

"C’est le commandant Abdoulaye Makalou – qui a travaillé avec Diango Cissoko sous ATT – qui va proposer à la junte son nom", explique un proche de Dioncounda Traoré. Cissoko recommandera notamment aux militaires d’envoyer trois émissaires faire allégeance au président lors de sa convalescence à Paris, en juillet 2012. Il s’agit du colonel Sidi Alassane Touré, directeur de la Sécurité d’État, du capitaine Abdoulaye Koumaré, alors directeur de cabinet de Sanogo (dont il est très proche) et ministre des Transports (il sera reconduit au même poste dans le gouvernement d’Oumar Tatam Ly) et Alassane Souleymane, journaliste de formation et conseiller en communication de la junte.

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Le dossier Antonov

Pendant ce temps, l’absence de Dioncounda Traoré fait penser à Cheick Modibo Diarra qu’il peut s’affranchir du capitaine Amadou Haya Sanogo. "Il se croit plus fort, n’informe plus Kati. Avec son style peu subtil, il s’attire aussi le courroux de nombreux chefs d’États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao)", explique un ex-collaborateur de Dioncounda Traoré. L’un des principaux contentieux entre la junte et Modibo Diarra sera celui de l’Antonov qui a atterri fin juillet sans que la junte ne soit avertie. Que transportait-il ? De l’or, du matériel militaire ? Difficile à dire…

Mais c’est Cissoko lui-même qui portera le coup de grâce à Diarra, en conseillant au président de s’en séparer avant les concertations nationales prévues en décembre – et qui n’auront finalement jamais lieu. Le 10 du même mois, Sanogo se charge de faire passer le message au récalcitrant Diarra en le convoquant en pleine nuit à Kati, où il est menacé physiquement. Le médiateur Cissoko a su se rendre indispensable. Il est aussitôt nommé Premier ministre.

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Par Pierre-François Naudé, envoyé spécial à Bamako

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