France : Salima Saa, l’étoile du Nord
Ne lui dites surtout pas qu’elle est la nouvelle Rachida Dati ! Pour l’instant, elle n’est qu’une Sarko girl lancée à la conquête d’une circonscription difficile, à Roubaix.
Législatives françaises : 2012, l’année de la diversité ?
S’il y a une chose qui a le don d’agacer Salima Saa, c’est qu’on la désigne comme la nouvelle Rachida Dati. Pas de comparaison facile, elle veut être jugée sur ses seules compétences. À l’instar de l’ancienne garde des Sceaux en 2007, Salima est l’un des espoirs de la droite choyés par Nicolas Sarkozy. Contre toute attente, elle s’est fait souffler le poste de porte-parole de la campagne par Nathalie Kosciusko-Morizet. « Cette nomination n’avait jamais été évoquée », jure-t-elle. Qu’importe, elle a aussitôt rejoint l’équipe de « NKM ».
À 40 ans, cette businesswoman à la volonté bien trempée débarque donc en politique. En janvier, elle a démissionné de son poste de directrice commerciale du groupe Saur pour redevenir consultante. Quinze jours auparavant, elle avait été propulsée secrétaire générale de l’UMP chargée du développement urbain. Ses atouts : un sacré toupet et un carnet d’adresses (très) bien rempli. Fin 2010, elle avait écrit à Maurice Leroy, le ministre de la Ville – qu’elle ne connaissait pas –, pour solliciter la présidence de l’Agence nationale pour la cohésion et l’égalité des chances (L’Acsé). C’est ainsi que, depuis février 2011, elle est à la tête – bénévolement – de cette administration qui finance dans les banlieues divers projets sociaux : éducation, emploi, santé, prévention de la délinquance…
En septembre dernier, l’ambitieuse a demandé à être reçue à l’Élysée, où elle connaît Christian Frémont, le directeur de cabinet du chef de l’État. Moins d’un mois plus tard, elle s’est retrouvée dans le bureau de Nicolas Sarkozy, à qui elle a expliqué qu’elle « voulait aller au combat ». En décembre, la voici investie candidate UMP aux législatives dans une circonscription, la 8e du Nord (Roubaix-Wattrelos), dont personne ne voulait. C’est un vieux fief de la gauche où l’abstention est traditionnellement importante. « Je dois mener une vraie campagne de terrain afin de convaincre une population qui ne croit plus en la politique, explique-elle. La tâche sera difficile, mais je suis une combattante. »
Fille de harki
Si Salima a pris le risque, c’est qu’elle connaît bien la région du Nord-Pas-de-Calais. Née à Soissons, en Picardie, cette fille de harki a grandi au gré des mutations de son père entre la France et l’Allemagne, où elle a obtenu en 1988 son bac scientifique. La même année, elle est revenue à Lille, où vit toujours sa famille, pour entreprendre des études et décrocher un DESS en environnement. Dès 1990, elle a découvert l’engagement par le biais d’une association d’aide aux harkis.
Membre du Haut Conseil des rapatriés et du Haut Conseil à l’intégration, elle a milité un temps au Parti radical de Jean-Louis Borloo avant de rejoindre l’UMP, l’été dernier. Ce qui ne l’empêche pas, à l’occasion, de dénoncer les dérapages au sein de son propre camp. En pleine polémique sur la viande halal, elle n’a par exemple pas hésité à critiquer publiquement les propos du Premier ministre, François Fillon. Une attitude qui n’est pas sans rappeler celle d’une autre protégée de Nicolas Sarkozy, Rama Yade. « Il fallait des personnalités très fortes pour marquer l’ouverture à la diversité », commente Salima.
Cette fonceuse reconnaît qu’être issue de la diversité peut constituer un atout en période électorale, même si, bien sûr, cela ne suffit pas. « Je me reconnais dans le style hyperactif de Nicolas Sarkozy », dit-ÂÂÂÂelle. Accepterait-elle de devenir ministre ? « Oui, si on me le propose. Mais je veux surtout être élue députée. »
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