Taïwan : la réélection de Ma Ying-jeou, un soulagement pour la Chine et les États-Unis
La Chine et les États-Unis redoutaient la victoire de la candidate indépendantiste Tsai Ing-wen à la présidentielle taïwanaise. Ils respirent : Ma Ying-jeou a conservé la présidence.
À mille lieues de la rigidité protocolaire des dignitaires de la République populaire, l’image a fait le tour des microblogs chinois : Ma Ying-jeou, le président taïwanais sortant – et grand artisan du rapprochement avec la Chine -, trempé et sans parapluie, célébrant sa réélection à la présidence taïwanaise le 14 janvier avec 51,5 % des suffrages devant la candidate de l’opposition…
Pour les milliers de Chinois du continent qui ont suivi la campagne présidentielle, le scrutin du 14 janvier est exemplaire : « Un vrai modèle de démocratie ! » Après avoir loué le fair-play dans la défaite de l’opposante Tsai Ing-wen, un blogueur explique même que « Taïwan est, de l’autre côté du détroit, le miroir de la Chine du futur ». Pas sûr que Pékin, qui a toujours proclamé que la démocratie n’était pas adaptée au peuple chinois, apprécie cet élan d’enthousiasme populaire !
Tout en prenant soin de ne jamais prononcer le mot « démocratie », les médias officiels ont cependant salué le succès de Ma à ces élections qualifiées de « locales ». Pékin considère en effet Taïwan, de facto indépendante depuis soixante ans, comme une province rebelle qui, tôt ou tard, reviendra dans son giron. De gré ou de force.
Modération
Pourtant, pour Pékin comme pour Washington, le résultat de ce scrutin est un vrai soulagement. La Maison Blanche a d’ailleurs rapidement exprimé sa satisfaction de voir se poursuivre « les efforts impressionnants » du président Ma afin de calmer les tensions dans le détroit. Liés à Taïwan par le Security Act de 1979, qui prévoit un soutien militaire américain en cas de conflit avec la Chine, les États-Unis redoutaient le succès de la candidate indépendantiste.
Reste que le second mandat de Ma Ying-jeou pourrait se révéler plus délicat que le premier. Plus de 1 million de Taïwanais qui avaient voté pour lui en 2008 ont, cette fois, reporté leurs voix sur l’opposition. Pour ce juriste de 61 ans diplômé de Harvard et entretenu dès l’enfance par son père dans la croyance en l’importance de la réunification des deux Chine, le défi sera de poursuivre le rapprochement sans que cette politique puisse être interprétée comme une étape vers la réunification.
Pékin, qui se prépare lui aussi à une transition au sommet en octobre, devra donc modérer ses ardeurs réunificatrices afin de ne pas provoquer la colère des Taïwanais, qui n’hésiteraient pas alors à descendre dans la rue.
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